Sur ce point, je vous renvoie aux interviews de Delphine Ernotte ou de Sibyle Veil, qui sont favorables à la proposition de loi Lafon. Nous en débattrons avec les parlementaires. Vous devez convenir que l'on ne peut pas rester sur ce statu quo. Les instances seront renouvelées l'année prochaine : c'est le moment ou jamais. Face à un audiovisuel privé qui se structure, l'audiovisuel public ne peut rester totalement dispersé. Voyez les modèles finlandais, italien, belge ou anglais ; regardez la puissance de la BBC. Alors qu'elle est contrainte à de fortes économies, qui imaginerait la supprimer ou la déstabiliser ? Les rédactions y sont puissantes et rassemblées, pour ne pas dire fusionnées.
En France, nous avons sur la table la proposition de loi Lafon, inspirée du rapport Hugonet-Karoutchi, que le Sénat a adoptée. J'espère qu'à l'Assemblée, nous pourrons débattre sereinement de ces questions essentielles, dans un espace médiatique public détérioré.
Quant aux propos tenus par Cyril Hanouna, la chaîne a été lourdement sanctionnée : l'Arcom joue son rôle.
S'agissant des concentrations, l'information fiable, de qualité, a un coût. Je ne vois pas comment parvenir à la créer sans être adossé à un groupe industriel. Plus vous paupérisez les journalistes, plus vous dégradez la nature de l'information, jusqu'à conduire à la désinformation. Il est vital que des groupes industriels puissent être propriétaires de médias. La loi garantit l'indépendance des journalistes, que l'intérêt économique de l'entreprise ne doit pas compromettre. L'Arcom y veille, comme au pluralisme, puisqu'à la suite de la dernière décision du Conseil d'État, son président présentera des propositions dans quelques semaines.
Je suis également prête à travailler avec vous à partir des propositions figurant dans le rapport sur la loi Bloche.