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Intervention de Rachida Dati

Réunion du jeudi 21 mars 2024 à 17h30
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Rachida Dati, ministre de la culture :

Les médias audiovisuels traditionnels ont en effet été percutés par les bouleversements technologiques, notamment l'apparition des plateformes numériques. Mon rôle est de réduire l'asymétrie entre ces médias et les plateformes, que nous avons déjà taxées pour soutenir la création artistique. Le vrai enjeu réside toutefois dans la captation des recettes publicitaires par les plateformes numériques, notamment ses services intermédiaires. Ce combat ne peut se mener qu'au niveau européen : vous le savez, nous avons été rattrapés par la patrouille européenne dès que nous avons voulu instaurer une taxe.

Nous avons expérimenté la publicité du cinéma à la télévision : je compte la généraliser. Le fait qu'elle permette à un nouveau public de se rendre au cinéma a contribué à lever les réticences. Les publicités sur les livres créent une bataille interne à la profession, chaque clan défendant des intérêts parfois contradictoires – les disquaires ont disparu et il reste 3 500 librairies. Je ne pense pas que des publicités de livres à la télévision auraient un effet négatif sur le secteur : elles feraient connaître les auteurs ou les maisons d'édition tout en renvoyant l'achat à une librairie, à moins que les téléspectateurs n'optent pour une plateforme. Je reste néanmoins réservée. Une expérimentation peut être tentée, comme nous l'avons fait pour le cinéma.

Par ailleurs, à la suite d'une demande à l'Arcom, nous allons disposer d'un rapport portant sur la publicité des promotions dans la grande distribution. Une consultation est en cours. Ses conclusions me seront remises le 25 mars.

Outre la Finlande et l'Angleterre, la Belgique et l'Italie ont structuré leur audiovisuel public, comme l'audiovisuel privé se structure en France. Nous sommes l'un des rares pays européens où l'audiovisuel public est encore éclaté. Si nous voulons le préserver et qu'il apporte à l'ensemble des Français des émissions d'intérêt général, nous devons regrouper nos forces. Je suis le produit de cet audiovisuel : n'oublions pas que certaines personnes n'ont que la télévision. Si l'on veut garder la qualité, la fiabilité, la puissance de l'audiovisuel public, on ne peut plus rester dans le statu quo.

Le débat parlementaire nous incitera à disposer d'un audiovisuel public très fort, dont le financement sera sanctuarisé. J'ai déjà abordé la question avec les membres de la commission des affaires culturelles. Dix ans ont été nécessaires pour aboutir à une présidence commune entre France 2 et France 3, que personne ne remet en cause aujourd'hui. Il faut aller beaucoup plus loin, par des coopérations et, à terme, par une fusion. Tout cela est ouvert, dans le cadre du débat parlementaire.

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