Je dois le confesser, j'ai aussi travaillé dans l'audiovisuel. J'ai eu la chance de le faire pour beaucoup de groupes, TF1 et Bertelsmann, à RTL, de diriger les programmes d'une chaîne publique, TV5 Monde, et de produire de nombreux programmes de télévision.
S'il y a une chose qui ne m'est jamais passée par la tête en tant que dirigeant de chaîne, c'est de demander aux journalistes de la rédaction pour qui ils votaient. S'agissant des programmes d'information que nous diffusions, jamais l'idée ne me serait venue de comptabiliser un journaliste ou un éditorialiste dans le temps de parole d'un parti politique. De quel droit l'aurais-je fait ? Qui étais-je pour en décider ? Comment savoir si quelqu'un qui prônait plus d'immigration était de La France insoumise (LFI) ou Europe Écologie Les Verts (EELV) ? Comment déclarer au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) l'activité et l'arrière-fond des pensées de chacun ? Tout cela est profondément inquiétant et ne devrait jamais exister.
J'ai lu sur votre site l'analyse que vous faites : vous nous expliquez que vous êtes très objectifs, mais les mots Canal+ et CNews doivent revenir une dizaine de fois, et ce sont la seule chaîne d'information et le seul groupe qui apparaissent. On se demande si le groupe Bolloré n'est pas pris en tenaille entre un versant politique ici représenté par M. le rapporteur et des organisations telles que la vôtre. Pour détourner un peu l'attention et regarder d'autres médias, j'aimerais savoir si le traitement de l'information par Radio France, par exemple, vous paraît respectueux des équilibres et éditorialement neutre ou si vous diriez, comme on peut l'estimer, qu'il s'agit d'une ligne éditoriale très à gauche ? Si on reprend l'exemple de l'émission « Quotidien », qui refuse d'inviter le Rassemblement national, diriez-vous que c'est une émission qui ne respecte pas la pluralité ? On a un peu l'impression d'avoir affaire à un procès à charge, et j'aimerais vous entendre sur ces différents points afin d'être rassuré.