Depuis cinq semaines, les personnels de l'éducation et les parents d'élèves de la Seine-Saint-Denis se mobilisent pour obtenir un plan d'urgence pour l'école publique. Je vous ai interrogée à plusieurs reprises depuis le 26 février et je recommence aujourd'hui devant l'ampleur, la durée ainsi que la détermination du mouvement.
Vous connaissez la situation de la Seine-Saint-Denis et vous reconnaissez qu'elle exige des réponses singulières. Pour autant, rien ne vient. Le mouvement social s'amplifie et, il vaut mieux que vous le sachiez, les vacances scolaires qui s'annoncent ne l'éteindront pas.
Comme l'écrivent les personnels de l'enseignement supérieur dans une tribune de soutien à la grève, « la situation de dénuement de l'école dans ce département est désormais connue de tous, et documentée […]. Elle est le miroir grossissant de l'absence d'ambition pour l'éducation sur l'ensemble du territoire. Il n'y a pas de dépense d'avenir plus évidente que la réhabilitation urgente du service public d'éducation en général et dans ce département en particulier. »
L'intersyndicale a des propositions à vous soumettre dont elle a évalué le coût à 350 millions d'euros. C'est beaucoup moins que le plan Marseille en grand, décrété par le Président de la République. Le même président témoignait à l'été 2021 de son admiration pour la Seine-Saint-Denis, allant jusqu'à dire qu'il n'y manquait que la mer pour en faire la Californie.
Loin de cette emphase, l'État donne moins à ce département qui est le plus pauvre et le plus jeune de l'Hexagone ; ce département où vit un peuple qui se lève tôt, qui travaille dur, qui, pendant la pandémie, a tenu la France debout et qui place beaucoup d'espérance dans l'école et la République.
Madame la ministre, les familles et les enseignants du 93 ne veulent plus de belles paroles de compassion : ils veulent des actes. Quand recevrez-vous l'intersyndicale ? Quand répondrez-vous aux propositions formulées dans le plan d'urgence ?