Alors que le Premier ministre a annoncé que l'école était la mère des batailles et qu'il voulait un choc des savoirs pour les collèges, le ministre des finances, lui, a dit les choses avec plus de franchise : il y aura 692 millions d'euros en moins pour votre ministère en 2024. Quant au choc des savoirs, ce sont des groupes de niveau dès la sixième en français et en mathématiques : durant la quasi-totalité de leur année scolaire, les élèves seront regroupés entre faibles, moyens ou bons élèves. Pourtant, toutes les instances où les enseignants sont représentés se sont opposées à ce projet et aucune étude n'a pu en justifier le bien-fondé ; trois chercheurs du Conseil scientifique de l'éducation nationale ont démissionné pour cette raison. Ce projet n'a jamais été débattu à l'Assemblée nationale. Qu'importe, vous l'imposez par arrêté ! Devant les protestations quasi unanimes, vous avez renommé ces groupes de niveau des « groupes de besoins », mais ce jeu de mots ne change rien. Ce n'est pas là un dispositif pédagogique qui répond aux besoins ponctuels d'un élève, mais un tri social, un cloisonnement scolaire dès 11 ans et dont il sera presque impossible de sortir. Selon vos propres chiffres, pour réaliser des groupes réduits à quinze élèves, il faudrait recruter 7 750 professeurs, mais rien n'est prévu.
Dans le même temps, en Seine-Saint-Denis, département jeune et populaire, les personnels et les parents sont fortement mobilisés depuis un mois contre vos groupes de niveau et surtout pour la création d'un grand plan d'urgence de 358 millions. Manque de moyens, non-remplacement des enseignants – un élève perd chez nous dix-huit mois de cours sur l'ensemble de sa scolarité –, insalubrité des établissements, accès à la santé difficile avec 40 % des établissements sans médecin scolaire : ce mouvement veut simplement l'égalité républicaine. Madame la ministre, allez-vous retirer votre réforme du choc des savoirs ? Allez-vous recevoir l'intersyndicale de la Seine-Saint-Denis ? Allez-vous, surtout, accorder un plan d'urgence pour l'école publique de notre département ?