Faire réussir les élèves, accompagner les professeurs, préparer les élèves à l'avenir sont de belles ambitions – mais, vous me permettrez de le dire, ce sont aussi de belles généralités. Voici quelques indicateurs un peu triviaux sur l'état réel de notre école après sept années de pouvoir jupitérien. La moitié des élèves de sixième ne savent pas vraiment lire, et la proportion est quasiment la même en quatrième : l'école primaire peine à remplir sa mission et vous supprimez allègrement 1 706 postes de professeurs des écoles. À l'âge de 17 ans, 11 % de nos jeunes sont quasi illettrés : merci au collège unique. Le nombre d'élèves présentant des épreuves de mathématiques au bac, qui était de 200 000 autrefois, est tombé à 99 000 l'année dernière. L'école de la République accroît les inégalités sociales et l'éducation prioritaire est au point mort. L'islamisme radical – ce n'est pas moi qui le dis, c'est le Premier ministre – s'est, depuis la loi de 2004, répandu de manière virale dans nos établissements. Les concours de recrutement sont toujours désertés par les étudiants et nous avons 10 % de contractuels formés à la va-vite. Le système de remplacement dans le cadre du pacte est totalement inopérant.
Je pourrais poursuivre longtemps cette triste énumération. Face à ce qui s'apparente à une débâcle après sept années d'inaction et d'agitation médiatique, vous proposez du bout des lèvres et dans une totale improvisation des groupes de besoins au collège et une classe de redoublants en seconde : en somme, une nouvelle déclinaison du service minimum. Notre école est désormais un grand corps malade et non pas la mère de toutes les batailles, comme vous le prétendez. On peut parler d'une forme de dépression collective comme l'illustre une fois encore, hélas, le départ du proviseur du lycée Maurice-Ravel. Madame la ministre, où est véritablement votre politique éducative ?