Vous m'invitez à dresser le bilan des précédentes réformes. Les conclusions des recherches académiques convergent : diminuer la durée d'indemnisation du chômage réduit le délai de retour à l'emploi. Toutefois, je ne suis pas de ceux qui pensent qu'une généralité est valable pour tout le monde. La question qui nous occupe est celle de l'emploi des seniors. Le public jeune a ses spécificités, le public senior également. Nous devons porter un regard bienveillant – pour ainsi dire, humain – sur les situations en fonction des tranches d'âge et adapter les réponses. Si vous le souhaitez, je vous transmettrai les recherches académiques qui étayent mon propos.
Depuis 2017, 2 millions d'emplois ont été créés. Nous n'avons jamais connu un taux d'emploi aussi élevé, ce qui prouve que les réformes du travail et l'accompagnement à la formation vont plutôt dans le bon sens. Notre gouvernement et notre majorité – sans toujours avoir bénéficié du soutien d'une large majorité –, ont favorisé le retour à l'emploi, y compris des jeunes. Plus de 1 million de contrats en alternance ont été créés, mais ce n'est pas l'objet de notre débat.
La création d'un bonus-malus sur les cotisations employeur d'assurance chômage et le durcissement des conditions d'éligibilité ont incité les entreprises à maintenir plus longtemps les salariés dans l'emploi. Mon propos répond aussi à la question de la députée Fanta Berete sur les réponses plus fermes – plus incitatives, pour utiliser un langage policé – à apporter pour lutter contre les discriminations liées à l'âge. La réforme de 2019 visait également à inciter les salariés les moins éloignés de l'emploi à retrouver plus rapidement un travail. Or les seniors sont davantage exposés au chômage de longue durée – il ne s'agit pas d'un chômage ponctuel. Nous devons éviter l'entrée dans le chômage de ces publics vulnérables, dont nous savons qu'ils y resteront plus longtemps.
Le rapport intermédiaire du comité d'évaluation de la réforme de l'assurance chômage initiée en 2019, qui a été rédigé par un comité scientifique, apporte des données descriptives. L'analyse montre que des mesures telles que le bonus-malus ou l'allongement de la période minimale d'affiliation ont eu des effets plutôt positifs. Cependant, les analyses de ce rapport ne sont pas suffisamment abouties. Nous manquons de recul sur certains profils : les femmes et les jeunes, en particulier, devraient faire l'objet d'analyses spécifiques. Il n'en reste pas moins que le taux de chômage des jeunes est passé de 23 % à 17 %. La ministre du travail, de la santé et des solidarités est également attentive à la qualité des emplois créés. J'espère vous avoir apporté un éclairage complémentaire.