Votre intervention corrobore les propos que j'ai tenus tout à l'heure : la question de l'emploi des seniors est avant tout une question de travail.
Nous sommes à l'avant-veille de la réunion de négociation conclusive. Or le patronat n'a apporté aucune nouvelle proposition pour mieux prendre en compte les conditions de travail et, ainsi, améliorer les carrières et l'emploi des seniors. Il reste donc un fossé énorme à franchir pour avancer dans la direction que vous indiquez.
Est-ce un piège que de mener une politique spécifique pour les seniors ? En ce qui concerne les conditions de travail, on peut éviter ce piège grâce à l'anticipation et à la prévention. Plus on anticipe, plus on prévient, et moins on a besoin de mesures spécifiques par la suite. C'est pourquoi nous proposons – comme d'autres, désormais – d'organiser des rendez-vous tout au long de la carrière professionnelle, à intervalles réguliers, afin de poser les bonnes questions à 35, 45 et 55 ans, et non plus seulement à 55 ans. Ainsi, le piège ne se refermera pas sur les travailleurs.
Pour autant, nous sommes des syndicalistes : quand des salariés sont confrontés à des problèmes particuliers, notre objectif est d'améliorer leur situation. Je pense aux métiers très exposés : on aura beau anticiper et prévenir, il faudra quand même réparer, en raison de la pénibilité du travail.
Une organisation d'employeurs l'a très bien exprimé lors des négociations, sans que cela n'ait débouché sur des mesures concrètes pour le moment. Les représentants des petits artisans observent ainsi que l'on accepte sans difficulté que les footballeurs commencent très jeunes et doivent changer de métier à 35 ans, mais que l'on ne reconnaît pas ce droit à d'autres professions. Il faudrait étendre ce principe. Les enjeux sont d'une telle ampleur que je doute que nous les résolvions en une journée ou un week-end.