Je rejoins ce qui a été dit sur le contexte particulier de notre rencontre, qui intervient alors que des discussions sont en cours sur la question si importante de l'emploi des seniors.
Au Medef, nous sommes attachés à la croissance responsable, que nous estimons cruciale pour l'avenir de notre pays. La question de la croissance recouvre celles de la productivité, de la durée du travail et du taux d'activité, en berne dans notre pays si l'on compare avec nos voisins européens et la moyenne de la zone euro.
À propos de l'emploi des seniors, sujet important à nos yeux, nous tirons plusieurs constats : on ne peut traiter la question de façon homogène et globale, car la situation diffère selon le secteur d'activité et les situations géographique et personnelle – famille, santé. Il faut analyser la situation pour apporter des réponses adaptées.
Deuxième constat, si le taux de chômage des plus de 55 ans est relativement faible, les personnes de cette classe d'âge restent plus longtemps au chômage quand elles perdent leur emploi. C'est une forme d'injustice. La durée d'indemnisation étant de deux ans environ, il y a là une forme d'injustice. Le taux d'emploi des 50-64 ans est en progression, mais reste trop faible par rapport à celui de nos voisins européens. Quand on fait un zoom sur les plus de 60 ans, on se rend compte que l'écart avec nos voisins allemands est très significatif : le taux d'emploi des 60-64 ans en France est de 35 %, contre 62 % en Allemagne. Ce décrochage est important et montre que nous avons un problème spécifique avec ces classes d'âge en France.
Les chiffres de l'institut Rexecode mettent cependant en lumière une dynamique de rattrapage, notamment par rapport à nos voisins européens, et ce pour deux raisons principales. La hausse tendancielle du taux d'emploi, combinée aux caractéristiques démographiques des générations qui arrivent, a un effet mécanique sur le nombre de départs précoces à la retraite. Si l'on continue à observer les mêmes tendances, on pourrait se retrouver avec 600 000 seniors supplémentaires disposant d'un emploi en 2027, un peu plus de 1 million en 2030. La réforme des retraites a en quelque sorte lancé cette dynamique de rattrapage du taux d'emploi des seniors ; cela s'explique par des raisons démographiques.
Le troisième constat, c'est que le taux d'activité des seniors est insuffisant. Dans certains secteurs d'activité, quatre départs sur dix – un sur dix dans le tertiaire – se font à l'initiative de l'employeur. Ces seniors retrouvent ensuite difficilement un emploi.
Le quatrième constat, pointé par l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économiques, c'est que la France est un peu en retard, et atypique, en matière d'aménagement du temps de travail des seniors, en particulier par rapport à nos voisins européens. Chez ces derniers, les fins de carrière sont aménagées et l'activité partielle est plus développée. Ces conditions permettent de passer de la vie active à la retraite de façon beaucoup plus progressive.
À l'opposé de l'accord national interprofessionnel sur l'emploi des seniors et des contrats de génération, tous les dispositifs contraignants pour l'entreprise qui ont été imaginés par le passé – je fais référence à la contribution Delalande, et plus généralement aux contraintes, aux sanctions, aux index et aux quotas – ont montré leur inefficacité en pratique. Ces mesures avaient des effets pervers, comme la stigmatisation des publics concernés. Ils étaient perçus différemment alors qu'ils disposaient de qualifications dont les entreprises avaient besoin.
Le cinquième constat, c'est que comme le montrent des études récentes de Malakoff Humanis, 99 % des entreprises portent un regard positif sur l'emploi des seniors et que 89 % des dirigeants estiment que les compétences et l'expérience de ces publics sont précieuses pour les entreprises.
Les seniors n'étant pas si étanches aux questions de formation, la situation est finalement très fertile. En guise de synthèse,…