Je vous remercie d'avoir organisé ce débat, qui nous permet d'exposer nos revendications. L'emploi des seniors est un thème d'actualité puisque nous sommes en pleine négociation. Nous nous retrouvons lundi pour une séance qui, nous l'espérons, devrait permettre de conclure – il faudrait tout de même que le texte s'améliore. Nous verrons.
Au moment de la réforme des retraites, nous n'avons cessé de rappeler qu'il fallait prendre les choses par le bon bout, c'est-à-dire d'abord parler de l'emploi des seniors, faiblesse de notre pays, avant d'envisager une réforme des retraites.
En effet, une hausse de quelques points du taux d'emploi des seniors rendait la réforme des retraites inutile. Ce n'est pas ce que le Gouvernement a souhaité, malgré les mobilisations et un refus massif de la population.
Même si elle ne nous semble pas intervenir au moment le plus opportun, la négociation est désormais ouverte sur l'emploi des seniors et, malgré tout, nous y participons puisqu'il s'agissait de l'une de nos revendications.
Nous n'avons eu de cesse de rappeler que le faible taux d'emploi des seniors est d'abord le fait des employeurs : 48 % des motifs d'ouverture des droits de l'assurance chômage sont liés à des ruptures de contrat de travail à l'initiative de l'employeur.
Comment maintenir les seniors dans l'emploi ? Grâce à l'amélioration des conditions de travail, à l'aménagement des fins de carrière, à la création d'un droit à la reconversion professionnelle et au renforcement des prérogatives des représentants du personnel. Nous travaillons sur ces sujets et, petit à petit, nous avançons.
La négociation doit impérativement s'articuler autour de trois points essentiels : le maintien dans l'emploi ; la réduction du temps de travail – retraites progressives ou temps partiels –, et un véritable droit à la reconversion professionnelle quand le salarié ne peut plus se maintenir dans l'emploi qu'il occupait, notamment à cause de sa pénibilité.
J'y insiste, il faut que la reconversion professionnelle devienne un véritable droit. S'il existe des dispositifs, comme le projet de transition professionnelle, à l'initiative du salarié, les fonds sont extrêmement insuffisants par rapport aux demandes. Cela crée des frustrations. En outre, les faiblesses de l'accompagnement ne permettent pas toujours au salarié de réaliser, ensuite, une réelle transition professionnelle.
Il faut sécuriser le parcours de reconversion : pour que la reconversion professionnelle fonctionne, et que les salariés s'inscrivent dans la démarche, il faut garantir un maintien de la rémunération tout le long de la reconversion et ne pas contraindre le salarié à démissionner à la fin de sa formation. Sur ce sujet, l'accord en cours de négociation n'est pas encore totalement satisfaisant, mais nous avons espoir de faire avancer les choses.
Pour les aider dans leur reconversion, les salariés disposent de plusieurs outils. Il y a le conseil en évolution professionnelle que les salariés connaissent souvent, mais il n'est pas toujours bien utilisé. Ainsi, les très petites entreprises (TPE) ne disposent pas toujours de service de RH – ressources humaines –, ni de capacités pour accompagner les transitions professionnelles. Pourtant, faire entrer ce dispositif à l'intérieur de l'entreprise permet de construire de véritables parcours de reconversion, et d'accompagner en même temps le chef d'entreprise et les salariés.
L'entretien de mi-carrière, couplé à une visite médicale, constitue un autre outil sur lequel nous travaillons, tout comme le compte professionnel de prévention (C2P) de la pénibilité qui devrait financer les transitions professionnelles et les réductions du temps de travail.
Nous plaidons pour le bénéfice de la retraite progressive à partir de 60 ans, au lieu de 62 actuellement – le dossier avance assez bien –, mais avec le maintien des cotisations retraite, pour la retraite de base ainsi que pour la retraite complémentaire. Il ne s'agirait pas que le salarié soit pénalisé au moment de la liquidation complète de sa pension.
Pour finir, je dis un petit mot sur l'assurance chômage, sujet d'actualité : le taux de chômage des plus de 50 ans est plus faible que celui des 25-49 ans : 5 % contre 6,5 % à la fin de l'année 2022. Cependant, le retour à l'emploi est plus difficile pour les seniors, la durée d'indemnisation à France Travail étant de 520 jours pour les 50 ans ou plus. Cela explique notre agacement lorsqu'on nous parle de réduire la durée d'indemnisation : nous ne pouvons que répondre que c'est impossible. Si 180 000 allocataires de 57 ans et plus travaillent, soit 41 %, cela signifie que 59 % ne travaillent pas.