Je souhaite répondre aux accusations de la ministre, selon lesquelles je ne poserais pas de questions précises. Je sais, pour avoir assisté au lancement de la mission gouvernementale sur les familles monoparentales, que vous avez entendu toutes les alertes lancées par les mères isolées. Je pourrais vous en refaire la liste, mais vous me répondrez que vous devez d'abord procéder à des arbitrages et à des montages budgétaires. Vous n'aurez donc pas de réponse précise à nous apporter.
Cela étant, puisque la question du congé parental a été soulevée à juste titre par ma collègue Karine Lebon, je souhaiterais connaître votre position sur la question du congé de paternité. Pour ma part, je serais favorable à le renommer « congé d'accueil de l'enfant » et à lui donner la même durée, ainsi que le même caractère obligatoire que le congé de maternité, afin de permettre aux deux parents d'accueillir ensemble leur enfant.
Nous savons en effet que le congé de maternité n'est en aucune façon un congé de repos post-accouchement, mais un congé d'accueil de l'enfant, au cours duquel la mère se retrouve souvent isolée. Qu'elle soit ou non en situation de monoparentalité, elle est de fait confrontée à un isolement au plus tard vingt-huit jours après son accouchement.
J'ajoute qu'en cas de séparation entre les parents, l'inégalité des rôles se trouve renforcée, étant donné que, dès la naissance, ce sont les mères qui assument davantage la charge des enfants.
Le 12 mars dernier, j'ai déposé une proposition de loi « visant à créer un congé d'accueil de l'enfant identique et obligatoire pour les deux parents », et j'aimerais connaître votre opinion personnelle sur ce sujet, madame El Haïry, d'autant plus que votre nomination en tant que ministre déléguée chargée de l'enfance, de la jeunesse et des familles est récente.
À cet égard, j'insiste sur l'importance de rendre obligatoire un tel congé d'accueil, car c'est de cette manière qu'il pourrait avoir un véritable effet sur le monde du travail. Les discriminations à l'embauche dont souffrent les femmes seraient atténuées dans la mesure où toute personne serait alors susceptible de bénéficier un jour de ce congé.