En préambule, je tiens à remercier à mon tour Karine Lebon pour sa très belle initiative.
Comme le rappelle feu Jacob Desvarieux, bassiste du groupe Kassav', dans un recueil de témoignages publié en hommage à la femme créole, celle-ci est « la personne qui protège les autres, et ma mère a été cette personne. […] Elle a fait tout ce qu'elle pouvait pour […] me permettre de manger tous les jours, que je sois habillé et que je puisse aller à l'école ».
En Guadeloupe, 52 % des familles avec enfant sont monoparentales, contre 25 % des familles avec enfant vivant dans l'Hexagone. Les deux tiers des enfants qui naissent aux Antilles et en Guyane ne sont pas reconnus par le père, contre 10 % des enfants qui naissent dans l'Hexagone. Or, souvent, le schéma familial monoparental exacerbe la précarité. Ainsi, en Guadeloupe, 17 % des membres d'une famille monoparentale sont en situation de grande pauvreté, contre 4 % des personnes qui vivent en couple avec enfant.
Les travaux menés par les sociologues Nadine Lefaucheur, en Martinique, et Stéphanie Mulot, en Guadeloupe, relèvent que, pour expliquer la matrifocalité, on avance souvent l'hypothèse selon laquelle « l'esclavage et son code noir auraient formaté des familles dans lesquelles le père aurait été rendu accessoire, voire périphérique, du fait du rapport de domination et de propriété exercé par les maîtres sur les esclaves et leur progéniture. Cette histoire a contribué à construire l'image […] de femmes virilisées dans leur capacité de résistance, mais violentées moralement et physiquement ».
Ce triste tableau étant dressé, je me dois de vous alerter sur l'inégal déploiement des politiques de soutien à la parentalité dans les territoires ultramarins. Si l'action des CAF doit être saluée, les associations locales manquent bien souvent de moyens financiers et de travailleurs sociaux. Je souhaiterais donc savoir quelles sont les actions concrètes que vous comptez mener pour améliorer les dispositifs en vigueur au profit des familles monoparentales ultramarines.