Intervention de Marine Malberg

Séance en hémicycle du vendredi 5 avril 2024 à 9h00
Place dans la société et dans le droit des familles monoparentales

Marine Malberg, chargée de mission auprès de la Fédération des acteurs de la solidarité :

Il faut miser sur les savoirs issus de l'expérience. Au sein de la Fédération des acteurs de la solidarité, nous animons des conseils régionaux avec les personnes concernées, afin d'échanger les bonnes combines relatives à l'aide alimentaire, ou de recommander tel médecin à l'écoute ou tel autre qui proposerait de bonnes orientations vers d'autres praticiens. Cela leur permet de sortir de l'isolement. Il est également nécessaire de financer les dispositifs d'aller vers.

Nous sommes fortement mobilisés par l'importante question des femmes étrangères. Les publics qui migrent en France sont majoritairement des femmes, qui ont toutes subi des violences – traite d'êtres humains, prostitution, viols – durant leur parcours migratoire. De nombreux adhérents ont créé des dispositifs d'accompagnement, notamment pour les enfants issus de viols liés à la traite ou à la prostitution. Ces femmes sont exclues car leur statut administratif est précaire. Elles n'ont donc pas accès aux prestations, leurs conditions d'hébergement sont catastrophiques, et elles vivent dans une grande insécurité. Souvent, elles reproduisent les violences subies, car elles en ont été victimes en permanence.

Les moyens alloués aux besoins spécifiques des femmes étrangères sont insuffisants. Je reviens sur un point important : la coupe budgétaire dans les subventions versées aux associations les met en difficulté pour répondre aux besoins grandissants de ces femmes et assurer leurs missions.

Pour améliorer l'accompagnement des femmes étrangères et mieux répondre à leurs besoins, il faut investir dans le travail social. Or notre secteur traverse une crise : il manque trois professionnels sur dix. Il est en crise car, étant féminisé, son personnel est mal rémunéré et mal considéré – j'ai d'ailleurs organisé une table ronde à ce sujet, il y a deux semaines –, à l'instar du secteur médico-social.

Le cœur du problème est que des précaires accompagnent des précaires. Accompagner des femmes étrangères, parfois avec enfants, pose plusieurs problèmes. Lorsqu'on les héberge à leur arrivée en France, on les place dans une situation d'isolement, car on les sépare leur conjoint – on ne peut pas héberger toute la famille. Il arrive qu'on les éloigne des lieux de vie qu'elles ont connus, par exemple, les fameux sas. Elles n'ont pas l'habitude de s'organiser ni d'identifier des interlocuteurs dans un nouveau territoire, alors que cela leur permettrait de lutter contre l'isolement, de connaître les bonnes combines – les points d'aide alimentaire… –, d'être aidées par des personnes qui traduisent leur langue pour accomplir des démarches administratives et accéder à certains droits, afin d'obtenir un statut administratif moins précaire.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion