Intervention de Thierry Malbert

Séance en hémicycle du vendredi 5 avril 2024 à 9h00
Place dans la société et dans le droit des familles monoparentales

Thierry Malbert, professeur des universités :

D'après l'étude que nous avons réalisée sur la monoparentalité à La Réunion, les principales difficultés que rencontrent les familles sont les problèmes financiers, puis l'éducation des enfants pour 40 % des personnes interrogées et, enfin, la gestion de l'activité professionnelle.

S'agissant des familles dont un enfant est porteur de handicap, je préconise de faciliter l'accès aux réseaux d'écoute et d'appui à la parentalité, de créer davantage de groupes de parole, auxquels participeraient des professionnels, afin que ces personnes puissent évoquer leurs difficultés et rencontrer d'autres parents confrontés aux mêmes problèmes. En effet, échanger des conseils entre pairs est très important. On le constate dans le cadre du dispositif d'aide aux vacances des familles, appliqué par la CAF – caisse d'allocations familiales – de La Réunion, qui permet d'accueillir dans un village de vacances de la côte ouest des familles avec leur enfant handicapé.

Avec les étudiants en master d'anthropologie, nous avons étudié ces problèmes. Les parents reconnaissent qu'il était temps que des réunions avec d'autres parents soient organisées, pour réfléchir, se soutenir, échanger des bons conseils, notamment sur l'éducation, ou une bonne lecture. Ces dispositifs doivent être multipliés dans tout le territoire. Dans les familles monoparentales, la question de l'éducation familiale est centrale. Bien souvent, à l'adolescence, l'enfant change. Une personne qui élève seule un enfant rencontre les mêmes problèmes, qu'elle soit un homme ou une femme. Alors que les familles élargies peuvent recourir à des médiateurs intrafamiliaux – grand-père, tante, oncle, marraine, parrain, etc. –, au sein des familles monoparentales, les personnes sont vraiment seules.

Ainsi, il est très important de renforcer les réseaux d'écoute et d'appui à la parentalité, en lien avec les spécificités des familles monoparentales, et de mettre les moyens pour que ces réseaux soient proactifs et que les populations les rejoignent. Comme elles sont stigmatisées, elles ne le font pas. Le même problème se pose avec les adultes illettrés à La Réunion. Comment briser la glace et faire en sorte que les personnes soient à l'aise ? Si elles ne rejoignent pas les réseaux, il faut aller vers elles. Le fameux aller vers doit donc être renforcé.

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