La prévention a été définie en 1948 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme « l'ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps ». À la lecture de cette définition, l'importance de la santé physique apparaît évidente, et tel est bien le cas aux yeux tant du grand public que des professionnels de santé et des responsables politiques. En revanche, en cette Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, permettez-moi de m'interroger sur la prise en charge de la santé mentale. L'impact de sa dégradation sur la qualité de vie des individus et son coût pour la collectivité sont parfois perçus de manière plus diffuse et moins immédiate.
Quand il s'agit de la santé physique, même si certaines pathologies suscitent encore un sentiment de peur ou de rejet, la diffusion des connaissances médicales et l'amélioration des traitements ont permis, dans l'ensemble, d'assurer une place prépondérante aux questions de santé publique et de mettre l'accent sur la prévention et sur l'hygiène de vie. En est-il de même pour la santé mentale ? La forte stigmatisation qui entoure les troubles mentaux conduit bien souvent à l'invisibilisation des personnes qui en souffrent.
Cette absence d'intérêt et les représentations négatives de l'ensemble de la société à propos de cette question considérée comme secondaire, quand elle n'est pas méconnue, ont des conséquences néfastes qui vont bien au-delà des conséquences personnelles pour les intéressés. En effet, les problèmes de santé mentale constituent désormais le premier poste de dépenses de l'assurance maladie : le coût annuel des traitements médicamenteux s'élève à 23,4 milliards d'euros ; quant au coût macroéconomique, il est estimé à 109 milliards. Il s'agit donc non seulement d'un enjeu majeur de santé publique, mais aussi d'un enjeu de société global.