Intervention de Philippe Brun

Réunion du mardi 27 septembre 2022 à 17h15
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Brun :

La stratégie actuelle de l'Eurosystème, consistant à augmenter les taux, ne permettra en rien de réduire la pression inflationniste importée sous l'effet des prix de l'énergie. En revanche, elle pénalise les investissements, notamment ceux dont nous avons cruellement besoin en matière de rénovation énergétique des bâtiments. Comment la Banque de France peut-elle éviter ces répercussions contre-productives ?

La Banque de France est très ancrée dans les territoires et connaît la situation des entreprises et particuliers en difficulté. Vous voyez bien que l'économie se trouve en situation de zombification. Le directeur général de l'Urssaf déclarait récemment que la dette Covid des entreprises à l'égard de l'Urssaf s'élevait à 18 milliards d'euros. Par ailleurs, le nombre de défaillances a déjà augmenté de 69 % au mois de juillet et ces chiffres restent éloignés des niveaux prépandémiques car l'économie se trouve toujours en situation de glaciation. Comment intégrez-vous dans vos prévisions les séquelles du Covid, qui ont été figées jusqu'ici donc invisibles dans les données ? Elles pourraient se réveiller et amener à relativiser la résilience évoquée à la fois par vos études et par le Gouvernement.

Enfin, la dette française comporte 11 % d'actifs particulièrement risqués, à savoir les OATi, des obligations indexées sur l'inflation. À titre de comparaison, la dette de l'Allemagne n'est indexée qu'à hauteur de 4 % sur l'inflation. Ce risque nous a conduits, en loi de finances rectificative, à décaisser 11 milliards d'euros supplémentaires — et probablement 15 milliards d'euros sur l'ensemble de l'année. Cela accroît considérablement la charge de la dette, bien plus que la hausse des taux.

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