. Monsieur le gouverneur, je tiens à vous féliciter pour la décision que vous avez prise concernant l'investissement de Refondation, pour le renforcement du pôle imprimerie-papeterie. Vous connaissez toutefois mes critiques sur le maintien d'une privatisation du tri des billets et de l'externalisation aux transporteurs de fonds.
Dans la lettre que vous avez adressée le 12 juillet 2022 au chef de l'État, vous exprimez certains considérants que je ne partage pas. Vous soulignez que l'illusion de dépenses sans coût et sans limites est terminée, et vous estimez possible de faire redescendre l'endettement public en dessous de 100 % du PIB si, avec persévérance, nous nous mobilisons autour d'un effort juste, en donnant la priorité aux dépenses d'avenir comme l'éducation, la meilleure efficacité des dépenses courantes par un vrai management public, une prudence sur des baisses d'impôts ou de charges difficilement finançables. Il me semble que vous oubliez là la dette écologique, plus importante que la dette financière, ainsi que les investissements en faveur de la bifurcation écologique.
Vous recommandez aussi la prudence dans la baisse des impôts, cotisations et contributions sociales. Je vous rejoins, mais que pensez-vous du maintien de la baisse de CVAE à hauteur de 4 milliards d'euros ? Cette dépense fiscale me semble inutile au plan économique et problématique pour les recettes de l'État.
Ma deuxième remarque porte sur les chiffres que vous aviez avancés l'été dernier, et qui apparaissaient plus objectifs et réalistes que le programme de stabilité du Gouvernement. Pour preuve, ce dernier a désormais abaissé sa prévision de croissance de 1,4 % à 1 % et sa prévision d'inflation pour 2023 de 3,4 % à 4,2 %. Vous fournissez aujourd'hui des chiffres que le Gouvernement qualifierait sans doute de pessimistes, mais que je pense réalistes, évoquant même un risque de récession. Si nous atteignons la moyenne que vous avancez, soit 0,5 point de croissance seulement, nous constaterions des implications budgétaires fortes ; tel serait encore plus le cas si nous entrions en récession. Il en va de même pour l'inflation, puisque votre moyenne atteint 4,7 %, et non 4,2 %. Aujourd'hui, le Gouvernement prévoit une augmentation budgétaire correspondant à 1 % de plus que l'inflation — ou, pour une inflation de 4,7 %, une augmentation de 0,5 % de plus que l'inflation. Les dépenses publiques s'en trouvent d'autant plus contractées. Quelle est votre analyse sur ce point ? N'approchons-nous pas d'un budget insincère dans ses prévisions ?
S'agissant des enjeux d'actualité et de la dette, je considère pour ma part que le « quoi qu'il en coûte » ne relève pas du passé. Il me semble toujours nécessaire de consacrer de l'argent aux besoins d'urgence, notamment écologiques. Lors de la pandémie de Covid, la Banque centrale européenne a décidé de prêter directement aux États au travers des banques centrales et a sorti une partie des prêts du marché, avec tous les inconvénients que nous connaissons. Ne devrions-nous pas poursuivre cette démarche, car elle permet un contrôle accru sur nos dettes ?
Enfin, je souhaite revenir sur ceux qui paient l'inflation. Il y a une trentaine d'années, l'inflation était beaucoup plus élevée, mais le partage des richesses s'opérait beaucoup plus en faveur des revenus du travail que des revenus du capital. Je souhaiterais connaître votre opinion sur un mécanisme que revendique le Gouvernement pour le SMIC et certaines allocations, mais qui pourrait s'étendre à tous les salaires, à savoir l'indexation sur l'inflation.