Il y a quelques mois encore, personne ne parlait des PFAS. Le sujet est pourtant déjà connu aux États-Unis depuis 1998 – le film Dark Waters raconte cette catastrophe déjà vieille de plus de vingt-cinq ans. Cela ne fait qu'un an ou deux que nous nous sommes, ici, sérieusement emparés du sujet et je remercie le rapporteur de le mettre au cœur du débat public.
J'ai pu constater à titre personnel l'ampleur de cette pollution aux PFAS : je fais partie des quatorze députés qui se sont fait tester et, tandis que les ours polaires en ont beaucoup dans leur estomac, j'en ai moi-même beaucoup dans les cheveux. J'en ai même dix fois plus que les autres, alors que ma ville de Tours n'est pas marquée par une forte actualité industrielle : il s'agit donc peut-être de son héritage industriel, d'une pollution généralisée de l'eau, de l'air et des sols. Car nous sommes face à un océan de PFAS, qui pénètrent partout et touchent 100 % de la population. On parle de 4 000 à 12 000 PFAS différents. Certains auraient voulu que nous les étudiions molécules par molécules, mais non : c'est sans aucun doute la famille entière des PFAS qu'il faut interdire, il n'y a pas d'alternative.
Il faut agir maintenant. Le sujet est sur la table depuis vingt-cinq ans et il n'est plus temps de renvoyer à une future réglementation européenne dont rien ne nous garantit qu'elle sera suffisamment ambitieuse. Des pays ont déjà décidé d'agir : le Danemark, par exemple, a interdit les PFAS dans les emballages alimentaires. La France doit jouer un rôle moteur au cœur de l'Europe, en adoptant la proposition de loi de Nicolas Thierry. Le texte propose l'interdiction immédiate de la production de PFAS – sujet central –, des tests systématiques de l'eau, qui n'existent pas aujourd'hui, et la mise en œuvre, très importante à nos yeux, du principe pollueur-payeur. Nous voterons évidemment cette proposition de loi, en espérant que tous feront de même.