Madame Judith Godrèche, comme mes collègues vous l'ont dit : merci – mais cela, on vous l'a répété mille fois depuis votre courageuse prise de parole. J'ai écouté attentivement votre audition au Sénat, vous l'avez dit, souvent explicitement, parfois de façon plus implicite : vous attendez des actions concrètes.
Nous avons l'honneur de recevoir votre parole à l'Assemblée au sein de la délégation aux droits des enfants. Une telle délégation n'existe pas au Sénat, malgré les demandes de plusieurs sénateurs et sénatrices qui s'investissent à ce sujet. Lors de votre audition au Sénat, vous avez dit une chose qui m'a beaucoup marquée. Travaillant sur les questions de droits et de protection des enfants, je me suis sentie particulièrement en phase avec une image que vous avez utilisée : filles et garçons, les enfants qui dénoncent, arrivent avec leur sac à dos chargé de vérités lourdes à porter, de violences subies, de paroles écrasées. Ils ont transporté ce sac à dos péniblement et l'ont ouvert douloureusement face à nous, adultes – parents, frères ou sœurs, enseignants, médecins, juges, policiers ou gendarmes, ou responsables politiques – et, dans l'écrasante majorité des cas, nous ne savons qu'égarer ces sacs à dos, du moins jusqu'à présent. Je pense – j'espère ne pas être la seule – que les temps ont changé, que nous n'avons plus envie de les perdre, mais de permettre à leur contenu de se dire et à celui ou celle qui l'a transporté jusqu'à nous de parler. « Je te crois, je te protège. » Le juge Durand et la Ciivise nous ont ouvert et montré la route, encore longue et sinueuse sans doute, mais loin d'être impraticable. Pour avancer sur ce chemin, mon équipe parlementaire et moi-même soumettons à signature une demande de commission d'enquête relative à la situation des mineurs dans les industries du cinéma, du spectacle vivant et de la mode. Nous avons également déposé, comme ma collègue Virginie Duby-Muller, une proposition de loi visant à rendre imprescriptibles les viols, les agressions et atteintes sexuelles commis contre les mineurs.
Ma question est la suivante : sur la longue route qui s'annonce, comment imaginez-vous votre action et votre contribution, bien qu'elles aient déjà été immenses ?