Merci, Madame Judith Godrèche. Votre témoignage vient en compléter d'autres : en osant témoigner, vous avez eu le même courage que Sarah Abitbol dans le milieu du sport ou Vanessa Springora. Il y a quelques mois, Le Consentement avait été projeté à l'Assemblée nationale à l'initiative de Perrine Goulet. À la fin du film, nous étions toutes et tous K.O. Comme j'étais ministre à l'époque, Perrine Goulet m'avait proposé gentiment de prendre la parole : je n'avais pas su quoi dire. Après réflexion, je me dis que ce film doit peut-être constituer une sorte de jalon des progrès que nous avons faits et indiquer ceux qui nous restent à faire. Il montre en effet une faillite collective : à l'époque, ni la maman, ni la police, ni les services d'éducation n'ont su accompagner cette jeune fille dans ce qu'elle vivait.
On parle beaucoup de l'enfant, mais peu des parents. Comment les accompagner et les prévenir ? Quelle doit être leur place auprès de l'enfant, quand il rentre dans un monde un peu particulier, comme celui du spectacle ou celui du sport ? Il nous faut aussi évoquer cette place. Le Consentement peut servir d'outil pédagogique pour donner à voir à quel point la faillite a été collective. Ce film m'a profondément marquée, je pense à l'image du plateau de Bernard Pivot en train de rigoler avec… Je ne crois pas qu'on puisse voir de telles images à la télévision en 2024 – j'ose l'espérer, mais je n'en suis pas certaine.