La familia grande du cinéma – et bien au-delà du cinéma – continue de se protéger : on le voit au peu de soutien que vous avez reçu à la suite de votre courageux témoignage et à certaines déclarations honteuses qui ont tenté de le salir. Auprès des réalisateurs que vous avez dénoncés, vous avez probablement vécu la pire époque : celle qui, issue du libertarisme post-soixante-huitard, ne souffrait aucune barrière ni aucun interdit et que Camille Kouchner a si bien décrite dans son livre La Familia grande. Époque qui pétitionnait, dans les années soixante-dix, en une de Libération, pour défendre les pédophiles poursuivis par la justice, ou dans Le Monde, en 1977, pour défendre les relations sexuelles entre adultes et enfants. C'est un extrait d'un documentaire très complaisant de Gérard Miller – aujourd'hui accusé de violences sexuelles par plus de soixante femmes –, dans lequel il interroge Benoît Jacquot, qui vous a décidée à prendre la parole.
Vous nous dites que des mineurs, lors de castings ou sur des plateaux de cinéma, souffrent d'abus, d'attouchements ou de gestes déplacés, comme vous en avez vous-même fait l'expérience sur le tournage du film La Fille de quinze ans. Ce que vous avez vécu pourrait-il se reproduire sans que personne ne réagisse ?
Je soutiens par ailleurs votre demande de création d'une commission d'enquête sur les violences sexistes et sexuelles dans le cinéma : la protection des enfants qui évoluent dans les milieux artistiques ne doit pas échapper à la loi.