« On ne peut pas ignorer la vérité parce qu'il ne s'agit pas de notre enfant, de notre fils, notre fille. On ne peut pas être à un tel niveau d'impunité, de déni et de privilège, qui fait que la morale nous passe par-dessus la tête. Nous devons donner l'exemple. […] Vous savez, pour se croire, faut-il encore être crue. » Ces mots, Mme Judith Godrèche, ce sont les vôtres, prononcés à l'occasion de la quarante-neuvième cérémonie des Césars, le 23 février dernier.
Nous vous croyons, et nous croyons les victimes. Je vous remercie d'avoir pris la parole avec courage pour dénoncer les abus que vous avez subis. Votre témoignage salutaire éclaire l'opinion publique sur la notion de consentement et encourage la libération de la parole. Les violences sexuelles contre les enfants sont un fléau qui touche tous les milieux sociaux et toutes les catégories d'âge. Particulièrement vulnérables face à ces agressions, les enfants ont du mal à comprendre ce qui leur arrive, à exprimer leur consentement et, par la suite, leur souffrance. Les agresseurs se servent de cette vulnérabilité pour instaurer leur emprise sur leurs victimes, en utilisant menaces, chantages et promesses. Ces violences sexuelles contre les femmes et les enfants sont également préoccupantes lorsque l'emprise prend la forme d'un contrôle permanent, pouvant conduire à l'isolement social et économique de la victime.
La lutte contre les violences sexuelles est une priorité absolue, la grande cause du Gouvernement et de ce quinquennat. De grands progrès ont été accomplis depuis 2017, grâce à l'engagement de la société tout entière, de nos forces de l'ordre, mais aussi de notre justice, qui doit être plus rapide, plus efficace, mieux formée, plus sévère.
Votre cas n'est pas isolé, madame Judith Godrèche, mais le produit de tout un système basé sur la domination, la complicité, l'impunité. Nous devons y mettre fin et agir ensemble pour protéger les enfants et les jeunes femmes. Nous devons également agir pour changer les mentalités et promouvoir une culture du respect et de l'égalité entre les femmes et les hommes.
Afin de sensibiliser l'opinion et de mieux protéger ces personnes exposées à la violence, comment pourriez-vous définir les contours du consentement de la victime – ou plutôt de l'absence de ce consentement – dans ces situations rencontrées dans des milieux comme celui du cinéma, là où se joue nécessairement une question d'intimité ?