Pour revenir sur vos observations, ce que je disais, c'est que je suis certainement le seul à avoir autant de femmes voilées dans le public, comme de personnes avec des kippas, d'ailleurs. Si vous avez d'autres exemples d'émissions, n'hésitez pas à me les donner. Merci.
Sur Louis Boyard, je n'ai même pas entendu de quoi il me parlait. J'ai juste vu un garçon, un pote, comme je l'ai dit, qui gesticulait et parlait de quelque chose qui était complètement hors sujet par rapport à ce pour quoi il était venu. Je me suis dit : « Je ne sais pas ce qu'il a aujourd'hui, apparemment, il veut faire un coup d'éclat. »
Vous êtes revenu sur les propos de Maxime Saada et les 3,5 millions d'euros d'amende. C'est énorme, 3,5 millions d'euros d'amende ! C'est très lourd. Il n'y a pas une amende, même aux États-Unis, quand ils doivent payer des cautions, qui soit aussi élevée. Bien sûr que cette amende est dissuasive. La chaîne C8 a été obligée de réduire la voilure sur des programmes. On a dû enlever des émissions de première partie de soirée ou prime times qu'on avait prévus pour nos téléspectateurs. On a dû enlever des émissions ambitieuses sur lesquelles notre production avait travaillé. Forcément, les amendes pénalisent l'antenne et H2O, ma société de production. Quand on a une amende de 3,5 millions d'euros, on se réunit et on se demande ce qu'on peut enlever, où on peut réduire, ce qu'on peut faire en moins, ce qu'on peut proposer de moins à nos téléspectateurs. On coupe dans le budget.
J'en viens à vos questions, et d'abord à celle qui concerne le CSA. Vous avez reçu il y a quelques jours M. Olivier Schrameck, qui était le président du CSA au moment où j'ai fait ces déclarations. Je vous ai dit que nous avions souvent des scoops : nous avons été les premiers à révéler que François Hollande lui avait demandé de ne pas choisir certains candidats pour la présidence de France Télévisions. À l'époque, déjà, le CSA nous a mis des amendes disproportionnées et j'ai senti un acharnement sur C8, parce que, pour des faits similaires, il y avait des gens n'avaient pas d'amendes. Et ça continue aujourd'hui : je vous ai déjà donné l'exemple, monsieur le rapporteur, de l'amende de 300 000 euros que nous avons eue pour publicité clandestine. Dans d'autres émissions concurrentes, je vois beaucoup de marques, je vois même des séquences entières sur des marques. Or je n'ai pas connaissance que d'autres chaînes aient pris des amendes de 300 000 euros. Cette somme, c'est presque une semaine de TPMP : je ne sais pas si vous vous rendez compte.
Pour ce qui est de ma déclaration sur la police du rire, je ne suis pas le seul à le dire. Toutes les personnes qui font des émissions de divertissement, tous les humoristes le pensent aussi. La phrase qui revient tout le temps, c'est qu'on ne peut plus rien dire. Si vous interrogez des humoristes, ils vous diront qu'on ne peut plus rien faire, qu'on ne peut plus rigoler de rien, que c'était mieux avant. Moi, je fais une émission d' infotainment : un mélange d'information et de divertissement. La première partie est très divertissante et, plus on avance dans l'émission, plus on a des témoignages, parfois assez lourds, et des débats. Pour la partie divertissement, je pense effectivement qu'on peut beaucoup moins rire de tout qu'à une certaine époque. Je vous le dis, monsieur Saintoul, il y a des tas d'humoristes qui ne veulent plus venir sur mon plateau, ni sur d'autres, parce qu'ils ont peur de faire la mauvaise blague qui va ruiner leur carrière. J'ai plein d'exemples en tête : Tex a fait une très mauvaise blague dans une émission que je produisais et qui était présentée par Julien Courbet ; dès le lendemain, sa carrière était terminée. De moins en moins d'humoristes sont prêts à venir faire des blagues en plateau : ils préfèrent faire des choses sur YouTube ou sur les réseaux sociaux, bien contrôler ce qu'ils postent sur Instagram ou sur Snapchat.
Je ne parlais pas que de moi quand je parlais de police du rire. Aujourd'hui, il est très compliqué de rire à la télévision, surtout quand on est en direct. On fait attention à tout. Quand j'entre sur le plateau, je ne sais pas ce que vont dire mes chroniqueurs et il m'arrive de les arrêter au milieu d'une phrase, parce que j'ai peur qu'ils fassent la blague de trop ou qu'ils disent quelque chose qui ne va pas passer. C'est une vigilance de tous les instants, mais c'est aussi ce qui fait la force de mon émission, et des autres talk-shows comme celui de Léa Salamé. Si on parle beaucoup de son émission, c'est parce qu'il peut aussi s'y passer des choses. La semaine dernière, j'ai vu que beaucoup de gens lui sont tombés dessus parce qu'elle a reçu la sœur de Xavier Dupont de Ligonnès et qu'il n'y avait pas de contradicteur. Ce n'est pas à moi de prendre sa défense, mais ce n'est pas évident d'avoir un contradicteur à chaque fois, surtout sur un témoignage. Il est de plus en plus difficile de faire des talk-shows ; il y a plusieurs écoles de talk-shows, il y a « C à vous », « Quotidien », « Touche pas à mon poste ! » et nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne.