Merci à tous de me recevoir aujourd'hui. Je suis très heureux d'être là. Même si beaucoup pensent que c'est une sanction, je prends comme une chance de pouvoir vous expliquer ce que je fais au quotidien depuis douze ans. TPMP a démarré en hebdo, le jeudi soir, sur France 4. Jamais on n'aurait cru que cette émission aurait un tel succès. On avait signé huit émissions – c'était ce qu'on appelle une « queue de contrat ». Après ces huit émissions, j'étais censé partir vers une autre chaîne, car je n'avais pas que des succès. J'ai fait une longue traversée du désert. J'ai passé des années à animer des émissions qui avaient peu de succès. J'ai travaillé dans des campings. J'ai présenté « Fa si la chanter » et plein d'émissions sur le service public, qui m'a beaucoup donné ma chance, par le biais d'un directeur des programmes qui croyait en moi.
Très vite, on a vu que « Touche pas à mon poste ! » intéressait les gens, parce qu'il y avait déjà un ton particulier. On est la première émission à avoir mieux marché sur les réseaux sociaux qu'à l'écran : au départ, on avait plus d'abonnés sur Facebook que de gens qui nous regardaient sur France 4. Très vite, on s'est rendu compte qu'il se passait quelque chose. France 4 m'a demandé de rester en hebdomadaire pour deux saisons.
Là est arrivée l'aventure C8, anciennement Direct 8. Les anciens patrons de Canal+, Rodolphe Belmer, Ara Aprikian et Bertrand Meheut, m'ont appelé, parce qu'ils allaient lancer une nouvelle chaîne sur la TNT, C8, dont ils voulaient que je sois l'une des têtes de gondole. Rodolphe Belmer m'avait dit qu'ils mettraient un gros moteur avant moi, une Ferrari – c'était un jeu de mots, puisqu'il s'agissait de Laurence Ferrari. La chaîne n'existait même pas encore, ils n'avaient pas encore eu l'autorisation de changement de contrôle par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Je suis parti pour cette quotidienne, parce que je sentais que cette émission pouvait tenir tous les jours. À l'origine, TPMP ne parlait que de télévision. Deux choses m'intéressaient dans la vie : le sport et la télévision. Au départ, je voulais être journaliste sportif ; comme je n'étais pas assez bon, je me suis tourné vers le divertissement. C'est pour ça que j'ai décidé de faire cette émission autour de la télé. Très vite, elle a rencontré un succès incroyable.
J'ai toujours voulu que « Touche pas à mon poste ! » soit une émission populaire. Je me souviens des deux premières semaines sur C8. Les dirigeants m'ont convoqué pour me dire que l'émission ne prenait pas vraiment et qu'il faudrait peut-être que j'arrête de mettre Les Sardines de Patrick Sébastien, que ce n'était pas l'ADN du groupe Canal. Je leur ai répondu qu'on allait se quitter en bons termes, parce que, pour moi, ça devait être une émission populaire et que c'était à cette seule condition qu'elle marcherait. Ça a été ensuite un succès incroyable. On a fait 300 000 téléspectateurs, puis 500 000, 700 000, 1 million, ce qui était incroyable pour une chaîne de la TNT à un tel horaire, 1,2 million et aujourd'hui 2 millions. C'est une aventure incroyable, un travail au quotidien monstrueux pour les équipes. Je travaille avec mes équipes depuis dix ans. Elles font un travail considérable, exceptionnel. Fournir tous les jours une émission en direct, sur l'actualité, avec énormément d'images, c'est énormément de travail. Ce sont presque trois heures de direct tous les soirs.
Pour moi, la télé a toujours été un rêve. Mon père est médecin, ma mère est commerçante. Quand j'avais dit à mon père que je voulais faire de la télé, il m'avait répondu qu'il pourrait m'aider si je faisais des études de médecine mais qu'il ne pourrait jamais le faire dans le show-biz, où il ne connaissait personne ; la seule personne qu'il connaissait, c'était Daniel Guiraud, le maire des Lilas. Je suis entré comme stagiaire. Je ne connaissais personne dans la télé, j'ai gravi les échelons. Voir tout ce qu'on a fait, le succès de cette émission, et même être ici aujourd'hui, que ce soit pour mes parents ou pour moi, c'est vraiment incroyable. Tout ce qui nous arrive autour de cette émission est incroyable. Mes parents sont arrivés de Tunisie en 1968. Ma mère travaillait à l'usine pour payer les études de mon père. Me voir à la télévision tous les soirs, pour eux, c'est un rêve.
Je suis là pour vous expliquer mon travail quotidien, comment on fait « Touche pas à mon poste ! ». J'ai entendu le président de la commission dire qu'il y avait eu énormément de sanctions contre TPMP. Mais, je n'ai pas peur de le dire, l'émission qui aura le plus marqué les années 2010 à nos jours, c'est « Touche pas à mon poste ! » : forcément, on parle énormément de nous. On a fait plus de 5 000 heures de direct. Les faits pour lesquels on est ici représentent 0,12 % de notre temps d'antenne. Certains n'auraient pas dû se produire. Je ne suis pas d'accord avec toutes les décisions, on y reviendra. Mais, pour une émission en direct tous les jours, qui a fait 5 000 heures d'antenne, on s'en sort bien. Je ne viens pas à un procès, je viens débattre et discuter avec vous et répondre à vos questions, pour vous expliquer comment on voit les choses et comment on a dû évoluer et faire évoluer notre émission, comme l'a fait la société.
On a dit plein de choses sur moi. Un jour, j'avais fait gagner une jeune fille qui était voilée – j'ai beaucoup de femmes voilées dans mon public ; moi, j'accepte tout le monde, je donne la parole à tout le monde : c'est le propre de mes émissions. On m'a reproché de ne mettre que des islamistes ! J'ai entendu des choses folles. Le lendemain, je reçois Marion Maréchal ; on dit qu'en fait je suis avec elle. Un autre jour, je vais voir Emmanuel Macron à la sortie du débat entre les deux tours ; on dit qu'en fait je suis à sa botte. Je ne suis à la botte de personne ! Personne ne peut dire pour qui je vote ou je voterai. Je ne juge jamais dans mes émissions les Français sur leur vote. Je me mets tous les soirs à leur place. Il y a des Français qui ont de nombreuses difficultés, et je ne suis pas là pour leur dire de voter pour untel ou untel. Je suis là pour donner la parole à tout le monde et montrer les forces en présence qui représentent la France, ce qui permettra peut-être à mes téléspectateurs de se faire une idée de tel parti, de tel homme politique ou de tel débat.
Nous, on est très heureux d'être ici. C'est un bon moment pour nous. On attend vos questions avec impatience.