Ce constat est une caractéristique de notre organisation des médias en France. Avant-guerre, nous avions exactement le même phénomène, avec des industriels qui possédaient déjà à l'époque la presse écrite.
Je n'ai pas la réponse à la question sur les raisons de ces grands patrons, qui sont multiples. Je ne sais pas si ces activités leur sont rentables. Ils ont tendance à nous dire qu'ils ne gagnent pas d'argent, mais ils restent. J'en déduis donc qu'ils n'en perdent pas non plus. Ont-ils un souci de reconnaissance, une volonté de pouvoir, d'influencer les décisions ? Je me pose encore la question. L'état d'esprit de ces actionnaires n'est pas forcément le même. Il existe des différences dans l'approche, dans la relation aux médias qu'ils possèdent, dans leur confiance aux personnes qu'ils mettent en place.
Je pense que la vraie interrogation est de savoir pourquoi nous avons ce modèle et pas un autre, pourquoi des groupes historiques de médias, indépendants des autres secteurs d'activités économiques, n'organisent-ils pas le secteur, à l'image du modèle allemand construit sur une structuration différente.
De ce point de vue, je m'interroge aussi sur la stratégie du groupe Canal+, qui, à l'origine, vient d'un tout autre secteur d'activité économique, a investi les médias et se sépare des autres secteurs économiques pour investir davantage dans les médias. Le groupe Canal+ est-il vraiment un acteur qui développe une stratégie économique uniquement sur les médias ? Cette question mérite d'être posée.