Nous ouvrons les travaux de notre commission d'enquête par une table ronde consacrée à la clarification de la notion de souveraineté alimentaire : en accord avec M. le rapporteur, nous avons souhaité commencer en posant les termes de notre sujet. Lors de l'examen en recevabilité devant la commission des affaires économiques, plusieurs groupes politiques ont souligné la nécessité de bien définir cette notion afin de ne pas en faire un fourre-tout. Notre commission doit travailler avec rigueur, sur la base de faits et non de données approximatives ou de fantasmes.
Cette notion est apparue récemment : elle a été introduite et théorisée dans les années 1990 par le mouvement altermondialiste La Via Campesina. Elle revient au premier plan sous le double effet de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine, avec sans doute un sens passablement différent de l'acception initiale. Depuis mai 2022, le ministère de l'agriculture est devenu d'ailleurs – c'est une innovation administrative – le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
Pour mieux cerner cette notion, qui relève à la fois de la politique, de l'économie, de l'agronomie ou encore de la géographie, nous sommes heureux d'accueillir M. Philippe Chalmin, professeur émérite d'histoire économique à l'université Paris-Dauphine, M. Marc Dufumier, professeur honoraire à AgroParisTech, président de la fondation René-Dumont, et Mme Catherine Laroche-Dupraz, professeure au département Économie, gestion, société de l'institut Agro Rennes-Angers.
Je vous remercie de vous être rendus disponibles, dans des délais très contraints, pour nous éclairer sur la manière dont nous pourrons définir la souveraineté alimentaire. Je vous laisserai la parole pour une intervention liminaire de dix minutes maximum chacun, par ordre alphabétique, puis nous poursuivrons sous la forme de questions et de réponses. Comme de tradition dans les commissions d'enquête, nous commencerons par les questions du président, puis celles du rapporteur et enfin celles des députés.
Cette audition est retransmise en direct sur le site de l'Assemblée nationale. L'enregistrement vidéo en restera disponible.
L'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires impose aux personnes auditionnées par une commission d'enquête de prêter le serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.