Vous avez demandé si nous considérions la gestion des risques naturels dans sa globalité. Nous avons évoqué une réflexion balbutiante sur le risque industriel à l'échelle de la Polynésie française. Par ailleurs, et bien que cette réflexion globale demeure malheureusement insuffisante, la question des tsunamis est désormais prise en compte par une ou deux communes, tandis qu'une convention entre l'État et le pays vise à développer la mise en place d'abris de survie contre le risque cyclonique, en particulier dans les Tuamotu, de sorte que près de 96 % de la population pourrait être mise en sécurité en cas d'aléa de cette nature dans les atolls, c'est-à-dire dans les îles les plus basses.
Il manque peut-être en Polynésie un continuum de gestion du risque naturel comme il en existe dans l'Hexagone. Cette lacune s'explique d'abord par un partage des compétences pas toujours très clair entre l'État, le pays et les collectivités. Elle est aussi liée à une approche un peu fataliste des conséquences des événements naturels sur les territoires. Différents facteurs empêchent donc la mise en place d'un continuum complet, y compris dans la réponse opérationnelle apportée en cas de catastrophe. Ainsi, les services d'incendie et de secours sont encore organisés à l'échelle communale, ce qui entraîne des difficultés majeures lorsqu'il convient de mutualiser une intervention au profit de plusieurs communes. L'État reste le gestionnaire en cas de crise ; le découplage entre le pays, responsable de la prévention, et l'État, organisateur de la réponse opérationnelle, ne facilite pas le pilotage des événements.
En dépit de l'ensemble des problèmes que nous avons évoqués, nous mesurons une capacité élevée de résilience dans le territoire, car les acteurs sont rompus à la gestion de ces situations. La résilience de la Polynésie est donc supérieure à celle du territoire hexagonal, même si la prévention en matière de risques naturels souffre de nombreux manques. Un événement naturel majeur menacerait néanmoins cette faculté de résilience, en raison des grandes fragilités de l'habitat et des infrastructures en Polynésie française ainsi que des limites du peuple polynésien à faire face à de longues difficultés en raison de l'isolement géographique.
Nous disposons d'un lot du ministère de l'Europe et des affaires étrangères (MEAE), qui a vocation à être armé par la Croix-Rouge et à être projeté au bénéfice des pays du Pacifique, voire à être utilisé dans le territoire en cas de catastrophe majeure. Si le lot Franz est à la main du haut-commissaire, celui du MEAE dépend plutôt du centre de crise du ministère.
La direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) a conduit, en partenariat avec Météo-France, une analyse des défis que représente le changement climatique, qui a abouti à la rédaction d'un rapport et d'une feuille de route. Dans ce cadre, nous avons commencé à dresser la liste des points sur lesquels nous avons avancé. Nous avons mené un travail prospectif destiné à évaluer l'évolution de la situation dans les cinquante prochaines années et l'impact du changement climatique sur les risques naturels en Polynésie.