Je vous remercie de nous donner l'occasion de nous exprimer sur ces sujets qui nous concernent particulièrement.
Depuis un peu plus de huit ans, je suis prévisionniste cyclone amont au sein du centre météorologique régional spécialisé cyclones de La Réunion, qui dépend de la direction interrégionale océan Indien. Mes fonctions m'ont amené à travailler sur les différents risques naturels météorologiques pour les territoires de La Réunion, de Mayotte et, plus globalement, de l'océan Indien. Je suis également représentant au comité social d'administration, au niveau de la direction interrégionale et au niveau national.
J'aimerais compléter les diagnostics qui ont été faits sur les baisses d'effectifs ces dernières années. Dans les services d'outre-mer, elles ont été comparables à celles observées au niveau national : entre 20 % et 30 % sur une dizaine d'années, soit plusieurs dizaines d'agents par direction interrégionale, ce qui est important. En plus des suppressions de postes administratifs, nous avons vu disparaître les postes dédiés aux activités commerciales et de communication des directions interrégionales des Antilles et de l'océan Indien, qui ont été supprimées. Les suppressions d'effectifs au niveau national ont également eu des conséquences outre-mer, car nous ne sommes pas totalement indépendants : les directions interrégionales ne disposent pas des moyens pour monter des projets de grande envergure et dépendent du soutien national. Nous avons donc souffert des suppressions d'effectifs au niveau central, et des difficultés de recrutement pour les grands projets informatiques de ces dernières années.
Autre conséquence de choix budgétaires, les sites internet déployés au cours des dernières années dans les directions outre-mer n'offrent pas des prestations à la hauteur de tous les enjeux. M. Taboulot évoquait le risque d'incohérence entre les prévisions affichées par ces sites et les alertes cycloniques : c'est malheureusement déjà une possibilité à La Réunion. Nous observons également des différences entre les services rendus pour les départements hexagonaux et ceux d'outre-mer. L'application Météo-France, par exemple, n'offre pas les mêmes fonctionnalités de notification.
Enfin, même si tous les services n'ont pas connu de baisses d'effectifs drastiques, l'absence de recrutement sur de nouveaux axes importants se fait sentir et nous empêche d'être ambitieux. Ainsi, dans le domaine de la communication, Météo-France a certes pris le tournant des réseaux sociaux, mais sans moyens spécifiques, ce qui ajoute de nouvelles tâches aux postes existants, qui avaient bien d'autres activités.
Plus globalement, les métiers d'expertise des prévisionnistes et climatologues sont devenus de plus en plus difficiles à mesure de l'arrivée des nouvelles données qu'a évoquées M. Taboulot. Ces données plus complexes, souvent plus pertinentes, exigent aussi une plus grande expertise, car une même source de données utilisée pour une prévision météorologique peut, par exemple, être excellente un jour et très mauvaise le lendemain. Cela demande de pouvoir prendre beaucoup plus de recul, ce qui devient très difficile en l'absence d'effectifs supplémentaires dans les services.
Quant à la couverture radar, elle est encore très insuffisante en outre-mer. C'est, notamment le cas dans le département de Mayotte, qui n'est toujours pas couvert, mais aussi en Polynésie française et ailleurs. Ce manque limite la capacité des services météorologiques à apporter l'information la plus pertinente et la plus rapide possible aux services de sécurité.