J'ai beaucoup apprécié vos interventions très documentées et pertinentes.
Élu de Saint-Marin, j'ai vécu le cyclone Irma. Tant que l'on n'a pas assisté à un tel événement, on ne sait pas vraiment ce que c'est.
On a beaucoup insisté sur l'importance de la relation de confiance entre la population et ceux qui décident des mesures de prévention, d'alerte et d'urgence. Mme Devès a dit très clairement qu'il fallait associer des personnalités locales à la transmission de l'information, afin qu'elle soit mieux comprise. C'est d'autant plus nécessaire que, dans certains territoires, les langues parlées diffèrent de la langue officielle.
Le concept de culture du risque comporte quand même une faiblesse lorsqu'une proportion relativement importante des habitants se sont installés récemment. Ce sont souvent des fonctionnaires, des entrepreneurs ou des salariés, venus pour une mission précise pour un temps donné et qui n'ont pas vocation à rester de quinze à trente ans sur place. Ils n'ont jamais vécu une grosse crise et n'ont pas mesuré l'ampleur du danger.
J'ajoute que, dans les îles des Caraïbes, on compte beaucoup de marins qui exploitent des petits voiliers pour organiser des excursions, et qui vivent parfois dans ces bateaux. D'autres sont seulement de passage et certains d'entre eux ne sont même pas assurés. Comment peut-on faire face à ce phénomène, qui fait qu'un nombre important de personnes n'a pas intégré la culture du risque ?
Le rapporteur a relevé que la première actualisation du PPRN a été très mal vécue par la population de Saint-Martin et a débouché sur une révolte et des émeutes. La deuxième a fait l'objet d'une très large concertation et ce document a fini par être accepté. L'île étant petite, si vous demandez à 3 000 personnes de quitter la zone côtière, vous ne disposez pas des réserves foncières nécessaires pour les reloger – sans parler du fait qu'une telle décision entraîne un profond sentiment de dépossession pour des gens qui vivent là depuis plusieurs générations.
Par ailleurs, l'analyse a posteriori des dégâts liés au cyclone Irma montre que ces derniers ont été causés bien davantage par le vent – qui a soufflé les toits – que par le phénomène de submersion. Ce dernier est indéniable, mais une fois que la mer s'est retirée, les dégâts n'étaient pas aussi importants. Le vent est responsable des effets les plus catastrophiques. Lorsqu'il atteint 250 ou 300 kilomètres par heure, très peu de choses résistent.
Tout cela explique selon moi la modification de l'approche retenue pour actualiser le PPRN.