Vous avez abordé la crise de la covid. Pour ma part, je suis plutôt spécialiste des crises liées aux phénomènes naturels. Mais il me semble évident que cette crise sanitaire peut agir comme un révélateur de problèmes qui se poseront en cas de futures crises dans d'autres domaines, en particulier aux Antilles.
Comme je l'ai indiqué précédemment, la confiance migre et la gestion d'une crise n'intervient pas dans un territoire qui serait neutre, dépouillé de ses différents problèmes. Tel est précisément l'enjeu du travail à mener en amont, en faisant participer les élus locaux et les associations pour en quelque sorte déminer tous les sujets qui pourraient cristalliser des tensions et réactiver des conflits en situation de crise.
Pour autant, associer ces différents partenaires n'est pas toujours évident. Cela prend du temps et suppose d'avoir la curiosité d'aller travailler avec eux. Tout le monde ne le fait pas. Je pense que c'est une démarche vertueuse et qu'il faut veiller à le faire. Les chercheurs en sciences humaines et sociales ont souvent l'habitude de travailler avec des partenaires venant de différents horizons. Il reste beaucoup à faire pour créer des coopérations ou les renforcer, en associant ces chercheurs, les services de l'État et tous les partenaires locaux.
Selon moi, il n'y a pas de hiatus entre savoir académique et savoir local, mais une forme de complémentarité. Ce qui est important pour les chercheurs en sciences humaines et sociales, c'est de comprendre les préoccupations des habitants, lesquels peuvent avoir un savoir qu'il ne faut pas dénigrer. Il complète mais ne remplace pas le savoir académique classique et l'expertise technique de pointe dont nous avons besoin. Il faut réussir à faire dialoguer ces deux savoirs.