Lors des auditions, il a été dit de manière récurrente qu'il était fondamental que les populations soient associées à la gestion des risques.
Je perçois une forme de paradoxe.
Vous dites d'un côté que l'on doit bâtir la confiance entre les autorités et la population pour que les décisions soient comprises. Vous souhaitez à cet égard que l'on s'appuie davantage sur une forme d'expertise locale. Sur ce point, comment entendez-vous mieux intégrer le savoir traditionnel dans vos recherches ? Je n'aime pas beaucoup cette expression, car elle relève d'une certaine manière d'une ethnologie au rabais. Mais, de fait, il fut un temps où les populations locales savaient s'organiser différemment face aux aléas naturels.
Quel a été selon vous l'ampleur des effets de la crise sanitaire sur le niveau de confiance ? On a vu dans la plupart des collectivités d'outre-mer qu'il y avait eu un problème de confiance. Est-ce un effet du scandale du chlordécone, avec le sentiment qu'on allait de nouveau être empoisonné par les autorités ? Ou bien s'agit-il d'une crise spécifique ? Quels seront ses effets à long terme ?
D'un autre côté, nous parlons de l'élaboration des PPRN. Vous avez évoqué le projet « Safe Saint-Bart ». On aurait aussi pu aborder cette question à Saint-Martin, où la première mouture du nouveau PPRN – élaboré à la suite de l'ouragan Irma qui avait fait onze morts – a été accueillie par des émeutes. La deuxième version a été élaborée dans le cadre d'une concertation tout à fait remarquable. Mais je dois avouer ne pas avoir été totalement convaincu par la réponse qui m'a été donnée sur l'évolution du contenu du PPRN.
N'y a-t-il pas une forme de hiatus – pour ne pas dire de contradiction – entre la réalité de la prise en compte du risque et une forme de realpolitik qui consiste à trouver des aménagements ?
M. Étienne a indiqué qu'il n'y avait pas eu d'accompagnement financier des PPRN. Entendez-vous par là que l'on n'a pas prévu une forme d'indemnisation pour ceux dont les habitations ou les droits à construire seraient affectés ?
Cette commission d'enquête a une histoire. Elle a été voulue, dans des conditions parfois un peu baroques, par M. Nilor, collègue de la Martinique. Nous avons entendu le président de l'université populaire de la Martinique il y a peu. Il avait un avis très argumenté sur ce qu'il convenait de faire – on peut, comme moi, ne pas être entièrement d'accord avec lui. Le processus légitime de consultation des acteurs locaux ne se heurte-t-il pas à un moment donné à l'expertise scientifique ? Comment faire face à ce qui peut apparaître comme un hiatus ?