J'avais préparé une brève présentation de mon parcours mais je comptais répondre à des questions plutôt que faire un exposé comme mes collègues. Les leurs étaient de qualité et je suis d'accord avec leurs propos, très complémentaires.
Mon parcours m'a conduit à passer quatre années aux Antilles, et plus particulièrement à la Martinique – où j'ai réalisé une thèse sur la prévention et la gestion des risques de tsunami. J'ai également eu la possibilité de faire un post-doctorat en Guadeloupe, où j'ai mené des recherches dans le cadre du projet C3AF (changement climatique et conséquences sur les Antilles françaises), auquel participe l'université des Antilles. J'ai ensuite été titularisé en 2017 à l'université de Montpellier 3, où j'ai pu poursuivre mes recherches sur les Antilles – et notamment Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Ces recherches s'inscrivent dans le projet Tirex, financé par l'ANR et destiné à analyser les effets des ouragans et de la saison cyclonique 2017.
J'ai également travaillé sur le risque de tsunami à Mayotte, tout d'abord dans le cadre d'un mémoire de master 2 puis à travers le projet Evactsu-Mayotte, qui a été financé par la délégation interministérielle aux risques majeurs outre-mer (Dirmom), le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) et la préfecture de Mayotte.
Depuis le début de mes recherches, notamment dans le domaine de la recherche-action, j'ai toujours veillé à produire des résultats à visée opérationnelle, en collaboration avec les acteurs locaux – qu'il s'agisse des collectivités territoriales ou des services déconcentrés de l'État. Ces contributions ont enrichi les plans Orsec et les plans communaux de sauvegarde (PCS) de nombreuses communes aux Antilles françaises, notamment en y intégrant des volets relatifs aux tsunamis. Cela a également permis de diffuser des informations auprès du grand public dans un but préventif, via des plateformes web qui intègrent notamment des outils de cartographie.
Ce travail conduit principalement sur les tsunamis est inédit et il a été réalisé selon des protocoles standardisés, validés par plusieurs services de l'État, avec soixante communes et collectivités littorales des Antilles françaises, en lien avec les acteurs locaux et grâce à une démarche participative associant différents publics.
Les résultats de ce travail mené dans le cadre du projet Exploit (exploitation et transfert vers les collectivités des Antilles françaises d'une méthode de planification des évacuations en cas d'alerte tsunami) contribuent au fait que certaines communes des Antilles françaises ont obtenu la certification « Tsunami ready » délivrée par l'Unesco. Cela a été par exemple le cas pour la commune de Deshaies en Guadeloupe en 2023. Il lui a fallu se conformer à douze indicateurs pour prétendre obtenir cette reconnaissance internationale.
La carte et l'analyse spatiale ont toujours été des outils centraux dans mes travaux. Ils sont utilisés comme supports graphiques pour l'aide à la décision mais aussi en tant qu'outils de prévention.
J'attache aussi une importance particulière à communiquer les résultats de ces travaux au grand public. Je tâche également de conserver une approche régionale, ce qui n'est pas forcément habituel dans certains territoires, notamment les Antilles.
Je suis actuellement chargé d'un projet de recherche dénommé « SAFE Saint-Bart », destiné à renforcer la résilience de Saint-Barthélemy face aux risques majeurs. Ce projet ambitieux vise à utiliser les connaissances scientifiques issues des derniers retours d'expérience pour élaborer des outils et protocoles de prévention coconstruits avec et pour les autorités et la population. Pour le mener à bien, nous avons monté un partenariat public-privé afin de s'assurer du caractère opérationnel des résultats scientifiques, mais aussi de garantir une meilleure appropriation de ces derniers.
Au cours de cette audition, je m'attacherai à compléter les contributions de mes collègues avec un regard portant plus spécifiquement sur les aléas sismiques et les tsunamis. J'ai préparé des réponses aux questions écrites qui nous ont été adressées.