Intervention de Sarah Legrain

Réunion du mardi 19 mars 2024 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSarah Legrain :

Peut-être pourrez-vous répondre au ras-le-bol qui s'exprime dans le monde de la culture, y compris dans la rue, de manière plus précise qu'en transformant le chien de Gabriel Attal en kebab. Cette charmante bête n'est pas responsable des vilaines morsures de son maître dans le budget de la culture.

Ras-le-bol, d'abord, de la culture du viol. Derrière Judith Godrèche, Adèle Haenel, Anna Mouglalis, ce sont des milliers de comédiennes, de techniciennes, de maquilleuses et de costumières qui sont en danger. Vous ne pouvez pas vous contenter de leur répondre que Gérard Depardieu est un grand acteur victime des censures du wokisme, ni compter sur Dominique Boutonnat, inculpé pour agression sexuelle et tentative de viol, pour éradiquer les violences avec des formations. Soutenez-vous les demandes de Judith Godrèche de le suspendre et de lancer une commission d'enquête ?

Ras-le-bol, aussi, d'un budget d'austérité imposé par 49.3, effaçant les quelques victoires arrachées pour les scènes de musiques actuelles (Smac), les festivals, les collectivités, et même les MJC. Un budget que vous n'aurez pas réussi à sauver des coups de rabot décrétés par Bruno Le Maire : 96 millions d'euros volés à la création artistique, pendant que le pass culture continue de gaver les industries, elles-mêmes dévorées par Bolloré.

Cette attaque sans précédent poursuit l'assèchement dû à la marchandisation de la culture, au détriment de sa démocratisation. Loin de l'objectif d'un service public de la culture divers et accessible à tous, que vous prônez, les structures se retrouvent à augmenter les tarifs tout en comprimant la masse salariale et leurs marges artistiques. La formation n'est pas épargnée puisque, vous l'avez dit, les écoles d'art sont à bout de souffle. Face aux alertes, votre réponse ne saurait se limiter à opposer les différentes cultures et les différentes structures, en occultant l'enjeu du financement des collectivités territoriales.

Enfin, derrière le plan « Mieux produire, mieux diffuser », un plan social est en cours : des milliers d'emplois sont menacés ; des milliers d'artistes ne pourront pas émerger ; des intermittents du spectacle se demandent ce qu'il en est de l'accord Unedic et de ce qu'il en sera de leur sort pendant les Jeux olympiques ; des artistes auteurs réclament, face aux réformes du revenu de solidarité active (RSA), d'être protégés, notamment par un revenu de remplacement, comme nous l'avons proposé dans une proposition de loi transpartisane.

Sur tous ces sujets, quelle réponse avez-vous à apporter, autre que les kebabs ?

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