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Intervention de Jean-Marie Guéhenno

Réunion du mercredi 20 mars 2024 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Jean-Marie Guéhenno, professeur à l'Université Columbia, ancien secrétaire général-adjoint de l'ONU en charge du département des opérations de maintien de la paix :

Au cours de leur histoire, les opérations de maintien de la paix n'ont cessé d'évoluer, depuis le déploiement symbolique de troupes le long du canal de Suez, après l'opération franco-britannique et israélienne en 1956. Demain, les opérations seront probablement plus légères et se combineront avec des forces nationales ou multinationales plus robustes. L'ère des opérations de maintien de la paix uniquement composées de casques bleus est probablement révolue, compte tenu des compétences spécifiques en matière de terrorisme ou de renseignement que les Nations Unies ne peuvent déployer. Pour de multiples raisons, nous nous dirigeons donc vers des opérations hybrides, qui rassembleront différents types de troupes.

Ensuite, dans un monde non idéologique, la question de l'argent, des flux financiers, de la corruption et du financement des conflits ne va cesser de prendre de l'ampleur. À cet égard, il importe de se doter des instruments nécessaires pour bloquer ces financements. L'ONU a commencé à œuvrer en ce sens à travers ses panels d'experts, qui mènent des enquêtes utiles et qui peuvent servir de levier politique, pour ensuite faire pression sur les acteurs. Cependant, il est absolument nécessaire d'aller plus loin dans ce domaine. Dans l'Est de la République démocratique du Congo, les tensions locales sont exploitées par le Rwanda. Le conflit comporte également une dimension économique, à travers les exportations d'un État voisin.

En conséquence, la capacité à identifier les flux deviendra un élément important de la « boîte à outils » internationale, afin de faire évoluer les opérations de maintien de la paix. Au-delà, le maître-mot est celui de la flexibilité, en tenant compte du fait que les circonstances dicteront le format. À cet égard, j'estime que l'ONU devrait être plus ouverte qu'elle ne l'est actuellement. S'il est difficile de réformer l'institution onusienne, il est en revanche possible de réformer les instruments de cette institution, notamment le maintien de la paix.

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