En matière de défense européenne, il n'est pas envisageable d'imaginer une réponse efficace sans la participation du Royaume-Uni. À cet égard, le Brexit est devenu un facteur de complication. À mon sens, il faut se servir de la crise ukrainienne pour resserrer les liens de défense entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Cela me semble impossible avec le gouvernement britannique actuel, pour des raisons idéologiques, mais la situation pourrait changer à l'issue des prochaines élections.
Ensuite, il importe de trouver la bonne articulation avec l'OTAN, qui est incontournable. En effet, même si la France a rejoint la structure militaire de l'OTAN, des soupçons demeurent chez les autres pays quant à sa relation ambigüe – sinon négative – vis-à-vis de l'institution otanienne. La majorité des pays européens estiment que les efforts de défense doivent intervenir dans le cadre de l'OTAN.
Un autre sujet concerne l'industrie européenne de défense, chaque pays militant pour ses champions nationaux. En outre, les procédures d'achat d'armement demeurent très nationales. En conséquence, les programmes européens sont très compliqués et très lents à mettre en œuvre, chaque pays ajoutant ses spécifications, ce qui contribue à alourdir les coûts. Dans ce cadre, j'estime nécessaire de réfléchir au renforcement de l'Agence européenne de défense, afin qu'elle puisse jouer un rôle plus central dans la politique d'armement de l'Union européenne.