En novembre 2023, vous vous inquiétiez de l'avenir d'une Europe qui, faute de conduire une diplomatie donnant du sens à ses actes, fondée sur le respect du droit au-delà de ses frontières, risquait de perdre l'adhésion de ses concitoyens et le respect du monde. Vous pointiez ainsi la non-résolution de l'Europe à prendre le relais des États-Unis en cas de retrait ou de réduction de leur aide vis-à-vis de l'Ukraine. Vous regrettiez également son incapacité à assurer la défense du droit international humanitaire au profit des Palestiniens.
Depuis la parution de cette tribune, la situation a évolué sur ces deux scènes de conflit. En Ukraine, la Russie a obtenu quelques avancées territoriales. Surtout, elle dispose de réserves démographiques et d'une capacité de résilience peut-être supérieure à celle de l'Ukraine. Enfin, la perspective d'une victoire de Trump en novembre prochain renforce l'hypothèse d'un retrait américain, déjà envisageable sous Biden. À Gaza, l'offensive israélienne se déploie mais le nombre de morts civils chez les Palestiniens ne cesse d'augmenter, tandis que l'image d'Israël continue de s'effriter dans l'opinion internationale, y compris dans les pays occidentaux, même aux États-Unis.
Si les Européens, dont le Royaume-Uni, mettent en commun leur aide en matériel militaire tout en l'accroissant sensiblement, est-il encore possible d'inverser l'évolution du rapport de forces, qui paraît être actuellement en faveur de la Russie ? Ensuite, pouvons-nous envisager un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, seul à même de répondre aux exigences du droit international, tout en ne faisant pas du Hamas le vainqueur politique du conflit, à la fois localement et sur le plan international ?