Il y a quelques années, il était envisagé que les menaces hybrides deviendraient la norme. Le conflit entre la Russie et l'Ukraine nous a prouvé que l'artillerie de 1914 et les chars de 1940 conservent toujours un rôle prépondérant. Cela ne signifie pas pour autant que les menaces hybrides aient disparu. Au contraire, Vladimir Poutine a montré qu'il utilisait l'ensemble de la gamme, qui va du conventionnel le plus classique aux menaces hybrides, telles la désinformation et les cyberattaques.
Ensuite, si la question n'est pas d'ordre existentiel pour l'Europe, elle relève malgré tout du rapport de forces : plus la Russie progresse, plus elle dispose de positions fortes, plus nous serons limités pour nos approvisionnements en matière d'énergie, pour notre sécurité alimentaire, et plus l'Europe sera dépendante d'autres entités, notamment les États-Unis, pour le gaz et le pétrole mais aussi la fourniture d'autres biens. Autrement dit, d'un certain point de vue, l'armée ukrainienne se bat aujourd'hui pour défendre les intérêts de l'Europe. Pour l'Ukraine, la question est véritablement d'ordre existentiel mais, en combattant la Russie, elle protège aussi nos intérêts. C'est la raison pour laquelle je suis favorable à la poursuite de robustes soutiens à cette armée.