Je ne pense pas que l'on puisse parler de la fin du multilatéralisme. Selon moi, nous assistons plutôt à une explosion de multilatéralisme. En revanche, nous pouvons acter la fin du multilatéralisme tel que nous l'avions imaginé, c'est-à-dire un multilatéralisme éminent, au-dessus des autres, que nous contrôlions. Pendant une période au moins transitoire, le système sera marqué par l'anarchie, c'est-à-dire l'absence de logique centrale d'organisation : il faudra négocier avec les multilatéralismes, à tous les niveaux et toutes les régions. Au préalable, j'ai indiqué que le mouvement des structurations régionales avait été décevant, à l'exception de l'Europe, qui elle-même rencontre des problèmes. Pour autant, j'estime qu'elles demeurent nécessaires.
Enfin, dans cet état relativement anarchique, il est nécessaire de réinjecter une démarche globale, symbolisée par l'ONU, dans le traitement des crises ouvertes. En l'occurrence, même si cela peut paraître surréaliste aujourd'hui, comment replacer l'ONU dans la résolution de la crise ukrainienne, de la crise à Gaza, en articulation avec des accords régionaux ? Cette vision est compliquée, parce que le monde l'est.