Je souhaite revenir sur la question de la fin du multilatéralisme, qui traversait vos interventions et qui implique la fin des instances globales de gouvernance mondiale auxquelles nous étions habitués, en particulier depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Vous avez évoqué la fin du bloc unipolaire, celui des États-Unis, qui a connu un premier coup d'arrêt en 2001 mais qui est également le fait de ce même pays. Les dirigeants américains organisent leur propre retrait progressif du multilatéralisme, en parallèle de la montée en puissance de la compétition croissante qui les oppose à la Chine et qui se traduit par une guerre économique, commerciale, voire de puissance et d'influence, en particulier dans l'Indopacifique.
D'autre part, nous assistons à l'explosion des ambitions régionales de différents pays qui désirent acquérir, au sein de leur sphère d'influence régionale, une « part de soleil ». Dans ce cadre, comment devons-nous imaginer le futur des relations internationales ? Devons-nous nous habituer à un mode de gouvernance des relations internationales totalement éclaté, nucléarisé ? À l'inverse, pouvons-nous parvenir à une nouvelle gestion un peu plus coordonnée entre pays ? Si tel est le cas, sous quelle forme ?
Enfin, la question de la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies a déjà été mentionnée. Mais à mon sens, le blocage de cette instance provient surtout de l'utilisation du droit de veto. Ensuite, ne pouvons-nous pas imaginer un futur système établi autour de pôles régionaux d'influence, des instances multilatérales régionales où les deux ou trois grands pays de chaque région s'accorderaient avant de porter un message plus global au niveau des Nations Unies ?