Je souhaite vous remercier pour vos exposés très clairs. Deux ans après l'agression de l'Ukraine par la Russie, le temps long de ce conflit a démontré les fragilités de l'armée russe et la résilience sans faille du peuple ukrainien mais il éprouve également la patience des Occidentaux devant le coût de cette guerre.
À mesure que celle-ci s'enlise, les discours se tendent et se radicalisent, à l'image des propos tenus par Emmanuel Macron à l'issue de la conférence internationale de soutien à l'Ukraine, évoquant la possibilité d'envoi des troupes françaises. Cette affirmation, prise sans consensus ni concertation avec nos alliés, a dévoilé au grand jour les dissensions existantes entre les membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Le chancelier allemand s'est empressé de le désavouer publiquement au nom de l'Union européenne. La Maison Blanche a fait de même et un responsable de l'OTAN a ajouté qu'« il n'y a aucun projet de troupes de combat de l'OTAN sur le terrain en Ukraine ».
Monsieur Vaïsse, vous étiez proche conseiller d'Emmanuel Macron et vous êtes également à l'origine de la création du Forum de Paris sur la paix, fondé avec l'appui et le soutien du président de la République. Le 3 mars dernier, lors de l'émission En société, vous avez affiché une certaine approbation des propos ambigus d'Emmanuel Macron. S'agissait-il de saluer le fond du discours, qui n'excluait pas l'envoi de troupes françaises en Ukraine ? À ce titre, vous avez par ailleurs indiqué que ce soutien est nécessaire car « si Poutine n'est pas arrêté là, il continuera à avancer. Cela paraît évident. ». Pourriez-vous partager avec nous les éléments qui vous conduisent à cette conclusion ? Entendiez-vous valoriser la posture présidentielle de chef de la diplomatie et de la stratégie militaire ? Dans ce cas, quel est l'avantage à exposer, sans aucune concertation préalable, la désunion de la France et de ses alliés ?