Les sciences sociales démontrent que les standards de beauté sont racialisés. En effet, ils sont les manifestations de nos représentations issues de l'histoire coloniale et de l'esclavage. Selon l'anthropologue Ary Gordien, « en Afrique, en Europe et aux Amériques, le passé colonial explique que la norme européenne du cheveu lisse se soit imposée comme critère de beauté ».
Il est temps de reconnaître que la discrimination capillaire est une réalité quotidienne, une pression sociale qui impose de conformer ses cheveux à des normes arbitraires et oppressives. Ces normes sont oppressives, surtout quand elles obligent des millions de femmes à dépenser des centaines d'euros dans des produits de défrisage toxiques, dangereux pour la santé, qui augmentent sensiblement le risque de cancer de l'utérus.
L'universel auquel nous aspirons tous n'est pas un totem derrière lequel la République doit se cacher, au point de devenir aveugle aux normes dominantes, qui excluent et discriminent. Au contraire, c'est au nom de notre idéal républicain que nous devons lutter, sans relâche, contre toutes les formes de discriminations. Plus encore, la lutte contre les discriminations doit enfin devenir une question transversale des politiques publiques – c'est une condition nécessaire de l'égalité républicaine.
Chers collègues, ce n'est plus aux cheveux de s'adapter à la norme, mais à la norme de s'adapter à la diversité de notre société. Les députés du groupe Socialistes et apparentés voteront donc pour cette proposition de loi.