Ce 17 octobre 1961, Papon n'a pas préparé une opération de maintien de l'ordre mais ce qu'il nomme lui-même un dispositif de « guerre antisubversive ». Ses policiers sont donc des soldats. Quelques jours avant la manifestation, il leur déclare : « Pour un coup reçu, nous en rendrons dix », encourageant ainsi au déchaînement de la violence policière.
Aussi avérée qu'elle soit, la culpabilité de Papon ne doit pas valoir exonération de l'ensemble des responsabilités. Le crime du 17 octobre n'est pas la bavure d'un chef, mais bien le crime de l'institution policière. C'est en effet la police, aux ordres de l'État, qui planifie rigoureusement la répression, mobilise ses hommes, prépare des stades et réquisitionne des bus en prévision d'une rafle gigantesque. C'est en uniforme que les policiers tabassent et tuent.
Dès lors, le crime du 17 octobre 1961 doit être reconnu pour ce qu'il est : un crime d'État.