En montant à cette tribune, c'est avant tout à mes parents que je pense : un homme et une femme qui, comme des millions d'autres, ont subi cette guerre meurtrière que ni la France ni l'Algérie ne pourront jamais oublier. C'est le propre de la guerre, que de ne jamais pouvoir se défaire de son souvenir ; nous pouvons, au mieux, l'accepter et choisir de tourner la page sanglante qui a marqué pour toujours notre histoire.
Pour atteindre cette résilience, encore faudrait-il cesser de remuer la douleur du passé. Or comment pourrions-nous y parvenir si, continuellement, de la gauche jusqu'au centre de cet hémicycle, nous ne cessons d'alterner entre accusations unilatérales et repentance à outrance ? Comment pourrions-nous réconcilier nos deux pays si certains, parmi nous, continuent d'être guidés non pas seulement par la haine de leur propre nation, mais par le désir inavoué de s'attirer les faveurs d'un électorat qui a toutes les raisons de mépriser leur insupportable paternalisme ?