Monsieur le Président, monsieur le rapporteur, mesdames et messieurs les parlementaires, l'importance et la complexité de la politique de gestion des risques naturels majeurs aux Antilles et à la Martinique, ainsi que le nombre des interlocuteurs qui participent à sa définition, ont justifié que je désigne un référent territorial en charge de coordonner et impulser cette politique sous mon autorité directe, en l'occurrence Mme de Sousa, sous-préfète de l'arrondissement de Saint-Pierre. Situé au pied de la montagne Pelée, ce territoire est en effet concerné par plusieurs risques majeurs, notamment volcaniques, sur lesquels Mme de Sousa dispose ainsi d'une vision de terrain.
La Martinique est exposée à tous les risques naturels majeurs, à l'exception des risques liés à la neige et à la glace : séismes, éruptions, mouvements de terrain, laves (coulées boueuses dévastatrices qui peuvent atteindre 100 kilomètres heure, et sont particulièrement présentes au moment des grandes pluies sur les flancs de la montagne Pelé), inondations, submersions, cyclones, tsunamis. Ce territoire a subi la plupart de ces phénomènes et leur mémoire imprègne la population, en tout cas la plus âgée.
L'éruption volcanique de 1902 a rasé Saint-Pierre, et celles de 1929 et 1932 ont provoqué des dégâts importants, notamment au Morne-Rouge et au village de Saint-Denis.
Depuis ma prise de fonction en Martinique au mois d'août 2022, plusieurs cyclones ont approché la Martinique, avant d'être déviés par les vents vers les îles du Nord, moins proches qu'elle de l'équateur. Nous avons néanmoins été touchés par les effets concomitants de ces cyclones, avec de fortes pluies et de forts vents. Le dernier cyclone important à avoir touché l'île est le cyclone Dean en 2007, qui avait provoqué des dégâts considérables.
Enfin, nous sommes régulièrement confrontés à des phénomènes pluvieux qui peuvent créer des phénomènes de submersion, d'inondation, de coulée de boue, d'effondrement de terrain.
Or, la Martinique présente aussi des facteurs de vulnérabilité importants. En premier lieu, la population, d'une densité de 320 habitants par kilomètre carré, ce qui est supérieur à la moyenne nationale, est majoritairement concentrée sur le littoral, où se trouvent également la majeure partie de l'activité, les infrastructures portuaires, aéroportuaires, etc.
En deuxième lieu, avec 250 escales de croisière programmées cette année, la fréquentation touristique atteint des niveaux supérieurs aux années ayant précédé la crise sanitaire, sur un territoire dont le relief peut rendre le déploiement des dispositifs de sécurité assez difficile. La Martinique ne fait que 70 kilomètres de long sur 30 de large (soit un total de 1 000 kilomètres carrés), mais il faut compter deux heures et demie de voiture pour aller de Fort-de-France à Grand'Rivière, dans le nord de la Martinique, car les routes sont très sinueuses.
En troisième lieu, l'habitat spontané non déclaré important qui s'est concentré sur la zone littorale ou sur les flancs de Morne est particulièrement exposé aux risques de submersion ou de glissement de terrain.
Enfin, l'insularité elle-même constitue un facteur de vulnérabilité, la Martinique étant distante de 6 000 kilomètres de la métropole, avec des capacités de stockage par définition limitées, ce qui crée une exigence de planification. Des exercices de gestion de crise associant les services, la population et les décideurs locaux, élus pour la plupart, doivent être organisés pour développer leur résilience.
Les 34 communes de Martinique sont dotées d'un plan communal de sauvegarde (PCS). La préfecture travaille à l'actualisation des plans « organisation de la réponse de sécurité civile » (Orsec), de manière collaborative entre l'Emiza et le service interministériel régional des affaires civiles et économiques de défense et de la protection civile (SIRACEDPC). Sept dispositifs Orsec ont ainsi été actualisés depuis un an et demi. Nous réalisons sept à huit exercices par an en Martinique, contre une obligation de quatre exercices par an dans chaque département, en nous efforçant d'y associer toute la chaîne des acteurs, y compris l'autorité judiciaire, pour tester la circulation des informations.
Le préfet de la Martinique étant également préfet de zone, je suis aussi en charge du pilotage des crises en Guadeloupe et dans les îles du Nord, et j'ai la responsabilité de l'allocation et la redistribution des moyens dans cette zone.