Le financement du Hamas est assez transparent. Depuis des années, le Qatar finance ce mouvement et, depuis au moins cinq à six ans, avec l'aval israélien. Les sommes en question sont environ de 30 millions d'euros chaque mois, pour éviter que les Gazaouis ne meurent de faim. C'est aussi cette hypocrisie que le Hamas a voulu faire exploser : certains dirigeants du Hamas vivent dans de belles maisons dans le quartier des ambassades à Doha mais d'autres, notamment Sinwar ou ceux qui vivent dans les tunnels, n'apprécient que très peu les Qataris. Au-delà de ses excès, la vision de Sinwar est d'abord palestinienne : il n'est pas lié à la confrérie des Frères musulmans, ni proche de l'Égypte.
Cette hypocrisie nous a également conduits vers le drame du 7 octobre. Je pense que Sinwar et Netanyahou négociaient au préalable via des intermédiaires. Pour les besoins de mon livre Des pierres aux fusils : les secrets de l'Intifada de 2002, j'avais rencontré le chef du Hamas, Cheikh Yassine, qui avait passé quinze ans en prison avec son traducteur. Il me disait avoir discuté pendant des dizaines d'heures avec le Shin Bet. De fait, Israël négocie tous les jours dans les prisons, qui sont un des foyers de la puissance du Hamas.
Les États-Unis ont indiqué qu'après la guerre, ils essayeront de convaincre le Qatar d'en finir avec cette position, pour le moins complexe, mais qui est utile aujourd'hui. Si le Qatar n'était pas là aujourd'hui, il n'y aurait pas de négociations. Les services de renseignement égyptiens ont certes des bons contacts avec le Hamas, parce qu'ils sont présents à Gaza, mais nous avons besoin du Qatar.