Intervention de Jean-Victor Castor

Réunion du mardi 12 mars 2024 à 21h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Victor Castor :

Le fait colonial remonte à cent soixante-dix ans. Les Kanaks n'ont jamais rien demandé. Les Français sont arrivés et ont occupé leur terre. Il ne faut jamais l'oublier.

Ensuite, l'État français a toujours eu une doctrine de peuplement pour faire disparaître les peuples. Lorsque M. Messmer disait qu'il fallait envoyer 100 000 Français en Nouvelle-Calédonie pour faire taire les velléités d'autonomie – sans même parler d'indépendance –, M. Stirn proposait de faire venir 75 000 personnes – 40 000 Français et plus de 30 000 Laotiens – en Guyane, alors que celle-ci comptait alors à peine 60 000 habitants. Il voulait ainsi faire disparaître l'embryon de mouvement indépendantiste dans les années 1970. Ce sont des réalités historiques.

J'en viens au droit international. Monsieur le ministre, reviendrez-vous sur le fait que la Nouvelle-Calédonie comme la Polynésie constituent des territoires à décoloniser – comme l'était la Guyane jusqu'en 1946 – et respecterez-vous le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ? Le processus de décolonisation est inéluctable.

Nombreux ont été ceux qui ont rappelé que les accords précédents reposaient sur le principe du consensus, précisément pour éviter que se renouvellent les drames du passé.

Enfin, il y a l'effet guillotine du troisième référendum, que vous assumez pleinement. Vous l'avez organisé alors que vous saviez pertinemment que près de la moitié de la population n'allait pas y participer.

Il faut toujours prendre en compte la position des peuples qui ont été mis en minorité sur leur territoire ancestral. Aucun peuple sur cette planète n'accepte qu'on vienne chez lui en disant qu'il est minoritaire et que c'est la démocratie.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion