Intervention de Christine Cauquelin

Réunion du jeudi 29 février 2024 à 15h15
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Christine Cauquelin, directrice des unités de programmes et des chaînes documentaires, jeunesse et animation :

J'interviens devant vous aujourd'hui en tant que directrice des documentaires du groupe Canal+. Je travaille dans le groupe depuis 1987 et le documentaire a toujours été mon sujet de prédilection. J'ai commencé par le défendre au service de la communication, puis j'ai rejoint le département des documentaires comme chargée de programme sur les documentaires de société et les documentaires animaliers. Lorsque j'ai été nommée directrice des acquisitions internationales de documentaires, j'avais pour mission de fournir une programmation internationale aux chaînes du groupe. Ensuite, Rodolphe Belmer m'a nommée directrice des documentaires et Maxime Saada m'a confié les chaînes documentaires en 2014, puis l'ensemble du périmètre documentaire en 2018. J'ai enfin également la charge du pôle jeunesse depuis plus d'un an et demi.

Je vous remercie de me donner aujourd'hui l'occasion de vous parler de Planète+ et, plus globalement, de la place stratégique du documentaire dans l'offre de programmes payants de Canal+. Le documentaire est un pilier de notre programmation, plébiscité par nos abonnés. Il fait partie des critères d'abonnement aux offres Canal, au même titre que le sport, le cinéma et les séries.

Avec 1 000 heures de programmes inédits par an et 1 900 contenus disponibles à tout instant sur MyCanal, le groupe Canal+ propose aujourd'hui une offre riche, variée et premium de documentaires récents et quasiment tous inédits en France. Cette offre s'adresse à tous les publics, avec des programmes reconnus et appréciés aussi par des audiences plus jeunes. Le groupe a mis en place ces dernières années une politique très volontariste qui le positionne comme le premier investisseur payant dans le documentaire. Entre 2020 et 2022, nous avons ainsi doublé le volume de nos productions documentaires originales sur nos antennes.

En 2021, le groupe Canal+ a franchi une étape supplémentaire avec la création d'une nouvelle chaîne 100 % documentaire, qui s'appelle Canal+ Docs. Cette création nous a conduits à repositionner la chaîne Planète+ comme une chaîne dédiée à l'histoire, car elle était précédemment une chaîne généraliste documentaire. Le documentaire est donc présent à la fois sur Canal+, sur la chaîne Canal+ Docs et sur nos trois chaînes thématiques que sont Planète+, Planète+ Aventure et Planète+ Crime.

Ensuite, je tiens à vous détailler notre position éditoriale de documentaire sur Planète+ et Canal+. Planète+ se différencie par la richesse et la diversité de sa programmation, avec une offre consacrée à l'histoire pour un public de passionnés. Nous avons souhaité rapprocher cette chaîne du public, en en faisant une matière vivante, cinématographique, à travers une mise en image moderne qui dynamise les récits pour intéresser aussi un public plus jeune. Son audience est d'ailleurs constituée à 40 % d'un public de moins de 50 ans. Elle couvre toutes les périodes historiques, des civilisations antiques jusqu'à l'histoire récente, avec des portraits de ceux qui ont fait l'histoire, l'ont écrite, en ont changé le cours, mais également une histoire plus proche de nous, celle de notre patrimoine, de nos monuments ou de nos objets iconiques. Les documentaires utilisent les nouvelles techniques scientifiques qui permettent d'aller plus loin dans l'exploration et la compréhension de notre histoire.

Sur Canal+, notre positionnement éditorial pour le documentaire consiste à raconter des histoires vraies en y injectant l'intensité dramaturgique et les codes de la fiction. Nos créations documentaires diffusés en prime time sur Canal+ se déclinent en séries-feuilletonnantes, comme la série Air cocaïne, celle sur Karl Lagerfeld et prochainement, celle sur les reclus de Monflanquin, l'histoire d'une famille maintenue sous emprise pendant plus de dix ans.

Nos créations concernent également des documentaires de sport. Sur la chaîne Canal+, ils passionnent nos abonnés qui suivent chaque semaine les grandes compétitions sur nos antennes. Je peux citer, entre autres, le documentaire sur l'entraîneur français Arsène Wenger, sur le meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France de football, Olivier Giroud, ou encore, prochainement, sur la judokate Romane Dicko, qui vise l'or aux prochains Jeux olympiques. En deuxième partie de soirée sur Canal+, nous avons installé une marque forte qui a près de vingt ans, « Les nouveaux explorateurs ». Ces documentaires sont consacrés à des voyageurs qui partent à la rencontre, à l'autre bout du monde, de leurs contemporains avec lesquels ils partagent une passion commune. Il s'agit de rencontres à hauteur de femmes et d'hommes, où chacun apprend de l'autre. Ce rendez-vous plaît particulièrement à notre public plus jeune des 25-35 ans.

Il y a quatre ans, nous avons créé un label, Les éclaireurs, pour nos documentaires d'impact. Les éclaireurs proposent des rencontres avec celles et ceux qui, tout en restant lucides sur l'état du monde, nous donnent les clés pour le rêver, le transformer, le réinventer. Ce sont des scientifiques, des entrepreneurs, des pionniers, des visionnaires qui s'intéressent à des enjeux très variés. Ils agissent, par exemple, pour une société plus inclusive et plus juste. C'est le sens de Onze de légende, qui raconte une expérience mise en place avec la fondation du Paris Saint-Germain (PSG), un documentaire qui a suivi pendant une année, chaque semaine, un entraînement de football avec des enfants autistes et des enfants neurotypiques. Le documentaire a permis de mettre en évidence les bénéfices de cet entraînement inclusif pour tous les enfants qui y ont participé. Depuis la diffusion de ce documentaire, deux autres clubs ont décidé de mettre en place un entraînement similaire.

Ces éclaireurs cherchent aussi de nouvelles voies pour préserver nos ressources communes. C'est tout l'enjeu du documentaire Plastic Odyssey, qui raconte l'aventure de trois jeunes Français qui partent à bord d'un bateau laboratoire pour trouver des solutions à la pollution plastique qui asphyxie les océans. Au cours de leur voyage, ils vont rencontrer d'autres acteurs engagés qui, comme eux, luttent contre la prolifération du plastique dans le monde.

Les éclaireurs repensent également les relations intergénérationnelles. La série Une vie d'écart a suivi pendant un an une classe d'école maternelle qui rend visite tous les après-midi à des grands adultes qui vivent en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Nous y voyons se nouer des relations extrêmement fortes entre les générations et, surtout, nous observons les bénéfices cognitifs et physiques pour chacun d'entre eux. Cette démarche a d'ailleurs inspiré une commune du Nord de la France qui est allée encore plus loin, en créant une salle de sport et une salle d'art où se retrouvent les enfants et les personnes âgées.

Certains éclaireurs bousculent les préjugés. Je pense à Ouissem Belgacem dans la série inspirée de son livre Adieu ma honte, qui raconte son combat contre les préjugés et l'homophobie dans le monde du football. Enfin, des éclaireurs cherchent des solutions pour faire bouger les lignes. Nous diffuserons la semaine prochaine le documentaire Vivante(s), qui raconte le parcours de Sarah Barukh et son combat contre les féminicides – que l'ONU a récemment qualifié de « pandémie de l'ombre » – avec son livre 125 et des milliers où elle a redonné vie à des femmes mortes et anonymisées. Derrière les chiffres d'une année de féminicides, le film Vivante(s) est un appel aux solutions et à l'action portée par une femme qui a elle-même vécu dix ans de violences conjugales. Nous y consacrerons une soirée spéciale le 5 mars. Le documentaire sera suivi de Tout le monde savait, la pièce d'Elodie Wallace avec Sylvie Testud, et du film de Valérie Donzelli, L'amour et les forêts.

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