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Intervention de Christophe Sabot

Réunion du jeudi 29 février 2024 à 15h15
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Christophe Sabot, directeur général de CStar :

Hormis durant quelques courtes interruptions, je suis le directeur de CStar depuis 2005. Je connais donc bien le modèle de cette chaîne car j'ai participé à toutes ses évolutions depuis sa création. Avant de diriger CStar, j'ai été directeur des programmes des radios du groupe NRJ, tant en France qu'à l'international où le groupe se développait notamment en Allemagne, en Suède et en Belgique. J'ai été membre du directoire de 1989 à 1999. En 2000, j'ai intégré le groupe Lagardère comme directeur général du pôle musique, constitué des radios musicales Europe 2 et RFM et des chaînes musicales MCM et Mezzo. Depuis mon premier emploi en 1985, je n'ai travaillé que dans des groupes détenant des médias dans lesquels la musique est centrale. En 2005, j'ai défendu devant le président Dominique Baudis et le collège du CSA l'intérêt d'une chaîne musicale dans le nouveau paysage audiovisuel qui se profilait. Nous avons été entendus et Europe2 TV a été créée avec une part de musique à hauteur de 75 % à son démarrage. Nous avons appris, comme les autres chaînes, à construire notre audience et notre identité de marque dans le paysage de la TNT, nouvellement proposée au public. La révolution digitale a bouleversé les équilibres originels de la chaîne, mais également de l'ensemble de la filière musicale. En concertation avec des syndicats représentant l'ensemble des métiers de la musique et la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), nous avons demandé un aménagement de la convention adaptée à ces nouveaux usages. Cette évolution, validée par le CSA et la filière musicale, a permis de trouver un public plus large, d'améliorer notre offre musicale et de trouver progressivement une rentabilité financière.

CStar offre aujourd'hui un large spectre d'esthétiques musicales qui va de la musique urbaine à la pop, de l'électro au rock, du métal aux musiques du monde. Nous mixons les nouveautés avec des titres plus anciens, des nouveaux talents avec des artistes de patrimoine. Les artistes les plus diffusés sur la chaîne représentent cette diversité : Vianney, Angèle, Slimane, Aya Nakamura, Clara Luciani, Eddy de Pretto, Louane, KeBlack, Claudio Capéo, mais aussi Juliette Armanet, Jungeli, Pierre de Maere, Zaho de Sagazan, Dadju, Vitaa, Neige, Christophe Maé, Hoshi ou Pierre Garnier. Je ne parle pas des internationaux, car l'essentiel de la programmation de la chaîne est dédié aux chansons françaises. Au-delà de la musique, nous proposons un ensemble diversifié de programmes culturellement en phase avec le public, en attente de musique et de divertissement, grâce à des documentaires musicaux, à des journées spéciales consacrées à un artiste ou à un courant musical, à des concerts, à des informations journalières sur l'actualité de la musique, mais aussi à des films, des séries et d'autres programmes de divertissement.

Afin d'appréhender la grille des programmes de CStar, j'exposerai quelques éléments contextuels pour mieux comprendre le cycle de la consommation de la musique selon les âges. L'enfance est le moment de la première découverte par la consommation de la musique en famille. On découvre de la musique à travers l'écoute des parents et des frères et sœurs. L'adolescence, ce sont les copains à l'école et sur les réseaux sociaux mais aussi les plateformes digitales comme Spotify, Deezer et YouTube, la radio, et la télévision à travers les clips ou les émissions comme « The Voice » et « Star Academy ». La musique devient alors un marqueur social identitaire, d'appartenance à un groupe, à une communauté. Elle est revendiquée et participe au processus d'émancipation propre à cette période de la vie.

Jeune adulte, au-delà du flux de consommation générale, l'individu cherche encore à découvrir de nouveaux talents et de nouveaux artistes. Ses goûts musicaux sont néanmoins quasiment arrêtés. Ils seront le socle de sa culture musicale et de tous les univers attenants : le partage de souvenirs avec la famille, avec les amis, durant les concerts ou les festivals, mais aussi à travers le cinéma, avec les bandes originales des films cultes ou les séries, avec les génériques des séries partagées avec les amis. Adulte, la consommation de musique est principalement constituée de titres aimés plus jeune et l'envie de découverte est moindre, voire inexistante chez certaines personnes. La télévision retrouve une place majeure avec les madeleines de Proust que sont les clips. Cette génération a grandi avec « Hit Machine » sur M6, avec MCM et avec MTV, mais aussi avec des émissions à l'heure de grande écoute ou prime time sur TF1, sur M6 ou sur France 2 avec, par exemple, « Taratata ». Ces programmes sont partagés en famille avec quelques tubes du moment et beaucoup de titres anciens revisités en duo ou en chorale avec de nouveaux arrangements. Les parents connaissent les chansons, les enfants les découvrent. C'est un dialogue intergénérationnel. En résumé, le cycle de la musique passe par les réseaux sociaux, la diffusion de programmes en continu (ou streaming ), la radio, la télévision, quand le clip est disponible, les télé-crochets ou talent shows et, pour certains, les concerts et les festivals.

Quelle est la place de CStar dans ce cycle ? Depuis le début et sur toute la musique, nous avons respecté l'intégralité de nos quotas conventionnels et nous sommes même allés bien au-delà. Nous avons fait des études auprès des téléspectateurs et travaillé sur des alternatives par rapport aux autres chaînes de la TNT, qui est un marché ultraconcurrentiel, avec des mouvements agressifs dans la conquête de nouveaux téléspectateurs. La musique intéresse plutôt un public jeune adulte. Notre cœur de cible est la tranche d'âge 25-49 ans. Les émissions de time étant en général plutôt consommées par les adultes, l'âge moyen de la chaîne aujourd'hui est de 51 ans, ce qui est plutôt jeune pour une chaîne de télévision.

Nous avons construit une offre de programmes adaptés à ce contexte de marché et à nos engagements conventionnels. La musique est diffusée en matinée principalement en raison de la disponibilité du public et d'une concurrence moindre. Les radios musicales à ces horaires proposent majoritairement des matinales ou morning shows avec peu de musique. Nous sommes donc la seule offre disponible, avec W9, sur le segment de la musique. Les études confirment que le flux musical est plus écouté que vu à ce moment de la journée. L'écran de télévision reste un support de diffusion majeur, mais, à la différence du téléphone, de la tablette ou de l'ordinateur, il n'est pas transportable à l'intérieur du foyer ni en transport. Toutefois, le lecteur vidéo ou player de la chaîne disponible chez tous les opérateurs de téléphonie mobile permet de poursuivre la consommation de ce flux musical. Nos programmes sont donc très musicaux de six heures à neuf heures trente, réunissant le plus large public de générations différentes.

Durant les matinées, à partir de neuf heures trente, dix heures, nous diffusons sous formes de clips un ensemble de thématiques, accompagnées de modules d'information musicale. Ces programmes sont déclinés l'après-midi : « Top France », qui est animé par une voix off, diffuse les quinze titres francophones les plus consommés en France, en streaming, en radio et à la télévision ; « Top clip », qui est lui aussi animé par une voix off, diffuse les quarante titres francophones et internationaux les plus consommés sur streaming, radio et télévision ; « Top albums » est le classement officiel des ventes d'albums en France ; « Top streaming » est le classement officiel des titres les plus consommés en streaming. Ces classements nous sont fournis par le Syndicat national de l'édition phonographique (Snep), qui est le syndicat de l'édition musicale des majors, et par l'Union des producteurs phonographiques français indépendants (UPFI).

Ces programmes sont produits soit en plateau avec des animatrices, soit accompagnés d'une voix off et fournissent des informations de l'actualité, ainsi que des rappels de référentiels et d'anecdotes. L'attente du public à ces horaires est relativement simple : les titres du moment ou de la nostalgie. La diffusion de concerts est appréciée en soirée. Tel un film, c'est un programme d'attention, un choix déterminé, un choix de fan. Les thématiques musicales spécifiques, qu'il s'agisse de nouveaux talents, de l'électro, du hip hop ou du rock, sont généralement diffusées en soirée à l'attention d'un public de niche. Nous allons chercher un public de spécialistes. La consommation de musique sur CStar en soirée est différente de celle du matin : elle est plus attentive, avec une demande de contenus plus riches. Les documentaires sont appréciés en journée et en prime, quand ils sont consacrés à des artistes regrettés.

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