À La Réunion, on se trouve assez vite en altitude lorsqu'on s'éloigne de la côte. Le tsunami de 2004 y a causé peu de dégâts car l'île ne comporte pas de plateau : la mer atteint rapidement une profondeur assez élevée, ce qui atténue les ondes. En revanche, La Réunion est exposée à la houle cyclonique, qui avait atteint 11,5 mètres, au Port, lors du passage de Gamède. En pareil cas, les digues sont submergées et les centres-villes peuvent être touchés. On est davantage confronté à la houle cyclonique – ou parfois hivernale, dans le sud de l'île – qu'à une montée régulière du niveau de la mer. Cela appelle un aménagement côtier important.
Lorsque l'on construit en bord de mer, on est exposé à une corrosion intense, qui exige, non pas l'emploi d'une tôle en acier classique, mais d'une tôle en aluminium d'Afrique du Sud, qui offre une meilleure résistance de la couverture et des façades.
Nous allons bien au-delà des spécifications du Bael puisque l'enrobage de l'acier auquel nous procédons peut excéder 5 centimètres. De la même façon, nous assurons l'étanchéité la plus forte possible des façades grâce à l'emploi des normes les plus exigeantes concernant les imperméabilisants, qui protègent le béton. Cela nous permet d'avoir un clos couvert relativement important, qui bénéficie de menuiseries de qualité marine. C'est une technologie très éprouvée mais coûteuse, ce qui explique que le prix de la construction au mètre carré soit plus élevé à La Réunion qu'en métropole, bien que nous n'ayons pas de système de chauffage.
Pendant vingt ans, on a appliqué une double norme : celle, classique, dite « neige et vent », prévue pour 210 kilomètres par heure, et, pour les bâtiments désignés par le plan Orsec (organisation de la réponse de sécurité civile) et les bâtiments névralgiques, une limite portée à 288 kilomètres par heure. Dans le cadre de l'élaboration de la dernière réglementation paracyclonique, nous avons émis le souhait que l'on n'impose pas une augmentation générale de la vitesse de base, étant rappelé qu'une hausse de 4 mètres par seconde représente 25 % de charges complémentaires, soit 50 millions d'euros. Nous avons proposé de garder la norme de 34 mètres par seconde pour les bâtiments courants et d'appliquer une majoration pour les bâtiments névralgiques.
En notre qualité de constructeurs, nous sommes révoltés par le fait que l'on demande aux gens de rester chez eux, en cas d'alerte rouge ou violette, alors que la majorité des bâtiments ont été édifiés avant les Eurocodes et, pour certains, sont le fruit d'une autoconstruction. Les habitants encourent ainsi plus de risques chez eux que dans les bâtiments désignés par le plan Orsec.
Belal a entraîné des dégâts d'un montant de 100 millions d'euros. Est-on capable d'investir 50 millions chaque année, pendant 10 ou 15 ans, pour se prémunir contre un tel risque ? Il faut revenir à quelque chose de plus mesuré, ne pas alourdir les normes et éviter de casser la machine de la construction, qui est déjà très affaiblie à La Réunion. La gestion des événements climatiques est perfectible.