Mes chers collègues, nous auditionnons le général Thierry Burkhard, chef d'état-major des armées (Cema), dans le cadre de notre cycle d'auditions sur l'Afrique, ouvert en novembre dernier. La présente audition a pour objet la contribution des armées à la politique africaine de la France.
Le Président de la République n'a pas attendu les coups d'État de l'été dernier au Niger et au Gabon pour appeler de ses vœux une refonte des relations que la France entretient avec les pays africains. Dès février 2023, quelques mois après le retrait des soldats français du Mali, il l'a annoncée dans le cadre d'une conférence de presse consacrée aux relations franco-africaines, dénonçant l'amalgame qui a fait peser sur nos militaires le rejet d'une classe politique ayant échoué à redresser le pays et la « situation où, par un engrenage de déresponsabilisation et de substitution, la France devient le bouc émissaire idéal ».
Il a appelé de ses vœux un nouveau partenariat avec les pays africains. « La logique », disait-il alors, « c'est que notre modèle ne doit plus être celui de bases militaires telles qu'elles existent aujourd'hui », annonçant l'élaboration d'un nouveau modèle de partenariat militaire.
La réflexion à ce sujet semble parvenue à maturité. Nous souhaitons donc connaître plus précisément le rôle désormais dévolu à nos militaires dans notre politique africaine, et ce qu'il adviendra de nos implantations en Afrique, réparties sur cinq pays – la Côte d'Ivoire, le Gabon, le Sénégal, le Tchad et Djibouti. Nous attendons aussi de vous que vous décriviez la façon dont nos militaires répondront dorénavant aux besoins d'accompagnement exprimés par les pays africains. Quelle présence sera la nôtre, pour quelle influence ? Compte tenu de l'engagement demandé à nos militaires sur le sol africain, il importe que leurs actions s'inscrivent dans un cadre de solidarité affirmée mais aussi de clarification des rôles des uns et des autres.
Nous sommes également intéressés par votre appréciation de la situation stratégique du monde.
Je rends un hommage appuyé aux cinquante-huit militaires morts pour la France au Sahel depuis 2013 et salue l'engagement de nos forces armées dans la crise du Proche-Orient, qui permet à la France en Méditerranée orientale, en Égypte, en Mer Rouge et dans le golfe d'Aden, de contribuer à prévenir un embrasement généralisé.